Le rêve d’une Afrique olympique
Publié le mercredi 16 janvier 2008 à 18h45min
On l’oublie parfois mais les jeux Olympiques n’ont jamais eu lieu en Afrique : aujourd’hui, vu l’explosion des coûts, l’idée peut paraître plus utopique que jamais, mais certains y croient dur comme fer.
« Le cinquième anneau olympique pour l’Afrique », revendique la fondation NewSporAfrica qui milite depuis deux ans pour « réparer cette injustice ». A l’origine du projet, un ancien homme d’affaires français, Jean-Pierre Sirot, 61 ans, qui explique : « En 2012, ça va faire 116 ans que les Jeux existent, 116 ans que les Africains les dynamisent, 116 ans qu’ils n’ont jamais eu lieu en Afrique et personne n’est au courant ».
« Moi-même, je ne l’ai découvert qu’à 55 ans en regardant des Mondiaux d’athlétisme à la télévision, raconte-t-il. Je me suis dit qu’avec tous ces athlètes noirs, l’Afrique avait dû organiser un paquet de JO. Eh bien non. Comme j’étais à un âge où, n’étant ni chasseur ni pêcheur, je voyais arriver la date de ma retraite avec une certaine panique, je me suis dit : voilà une idée pour faire quelque chose de grand ». Avec pour premier objectif donc de « réveiller les consciences ». Celles du monde occidental. « L’Afrique a beaucoup donné aux Jeux et n’a rien eu en retour, il faut faire découvrir cette lacune à l’hémisphère Nord », souligne Maryse Ewanje-Epée, ancienne athlète et ambassadrice de NewSporAfrica.
Dès 2020 ?
« Mais c’est surtout à la jeunesse africaine de pousser ses dirigeants à répondre à une demande », reprend Jean-Pierre Sirot qui souligne que sa fondation ne soutient aucun pays en particulier. Seuls quatre pays en dehors de l’Europe ou de l’Amérique du Nord (Australie, Japon, Corée du Sud et Chine) ont déjà obtenu l’organisation des JO, l’Amérique latine et l’Afrique n’ayant jamais été choisies.
Des Jeux en Afrique donc. Mais quand ? À l’origine, NewSporAfrica parlait de 2016. Une hypothèse peu réaliste puisqu’il fallait déposer sa candidature au CIO ce lundi... « Il fallait une date, reconnaît Mr Sirot. Si on dit qu’on veut faire les Jeux dans 40 ans, personne ne s’engage ». La fondation table désormais sur 2020. « C’est peut-être un peu fou mais possible », martèle-t-il. L’argent est évidemment l’obstacle principal. « Les Jeux d’Athènes (en 2004) ont coûté presque 13 milliards de dollars. Pour Londres 2012, on parle de sommes délirantes. Ces montants sont évidemment inimaginables pour le continent africain », convient Jean-Pierre Sirot.
Autres Jeux
Comment faire alors ? « En revenant à l’esprit du sport et de l’olympisme. Aujourd’hui, on ne parle plus que de finances. Bientôt même les pays riches n’auront plus les moyens de faire face. Il faut d’autres Jeux ».
« Il faut revenir à ce qu’avait coûté Barcelone en 1992, soit trois milliards de dollars, et là ça devient tout à fait réalisable pour l’Afrique ». Avec moins de moyens mais des idées. « Pour héberger 60000 personnes pendant un an, pourquoi ne pas utiliser une vingtaine de grands bateaux qui fonctionneraient en autonomie ? », s’interroge Jean-Pierre Sirot.
Alors « évidemment ça dérange les gens installés dans leurs institutions, évidemment il y aura toujours Coca-Cola, mais il faut faire bouger les choses », s’anime Sirot dont l’action arrive aujourd’hui à un carrefour.
« Jusque-là, la fondation a fonctionné sur le principe du bénévolat mais on ne peut plus continuer comme ça », annonce l’initiateur de NewSporAfrica qui organise une vente aux enchères vendredi soir à l’hôtel Meurice à Paris pour lever des fonds.
« C’est aux Africains de prendre la chose en main, conclut-il. Je rêve d’un ex-président, un ex-premier ministre à la tête de la fondation. Car, en fin de compte, on parle d’une affaire africaine. Nous Européens n’avons rien à faire là-dedans ».
Voir en ligne : Cyberpresse
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