Linda Khodadin : « Ce sera long, mais j’y suis prête »
Publié le lundi 22 août 2005 à 23h51min
L’image de Linda Khodadin sur la piste détrempée d’Helsinki, le tendon d’Achille gauche totalement rompu, restera comme l’un des instants poignants des championnats du monde d’athlétisme.
Il n’a pas fallu longtemps à la hurdleuse pour se remettre moralement de ce coup du sort, bien aidée en cela par le soutien de son entourage et de l’équipe de France d’athlétisme. Aujourd’hui, elle évoque ces drôles de mondiaux, parle de guérison, de ses perspectives de retour. Entretien.
Linda, on vous avait quittée sur la piste d’Helsinki, victime d’une rupture du tendon d’Achille gauche en demi-finales du 100 m haies... Comment allez-vous aujourd’hui ?
Eh bien ça va. Demain (mardi 23, ndlr), j’en serai à une semaine de plâtre. Une semaine, ce n’est pas grand-chose, mais cela me prouve que les choses avancent. J’ai eu le temps de m’habituer à cette situation. Mais de toute façon, je n’ai pas eu le temps de déprimer. Dès ma blessure, j’ai reçu des témoignages de sympathie de la part d’amis, d’athlètes.
Des anonymes, des proches, la famille, la fédération, mes partenaires m’ont envoyé des messages. J’aimerais d’ailleurs tous les remercier, celles et ceux que je connais, que je ne connais pas... Cela fait du bien. Cela m’a motivée pour la suite, et évité d’entrer dans le cercle de la déprime. Et puis, de toute façon, la déprime, ce n’est pas vraiment dans ma nature.
Revenons sur votre blessure. Nous sommes en demi-finale du 100 m haies des championnats du monde, le 10 août dernier. Ce jour-là, il a beaucoup plu...
Beaucoup ont cru que j’avais glissé à cause de la pluie, mais ce n’était pas le cas. En fait, mon tendon d’Achille gauche, celui de la jambe de retour, a cédé dès la réception de la première haie. C’est une sensation très bizarre, vous n’avez plus d’appui du tout. Au cours de la saison, j’avais déjà ressenti des douleurs, mais au tendon droit. Mais elles avaient disparu pour réapparaître de l’autre côté, à gauche, une semaine avant les championnats du monde. Je me suis dit que ce n’était pas un problème, qu’elles allaient disparaître comme les premières, que ce ne devait être qu’une légère tendinite.
Mais le jour des séries, pour notre première course, nous avons dû attendre deux heures et demi en chambre d’appel à cause de la pluie. Et là, j’ai eu très mal. J’ai compris que ce n’était pas une simple tendinite. Mais quand vous êtes dans un grand championnat, que vous avez travaillé longtemps pour en arriver là, vous n’avez pas envie de dire « on arrête tout là ». Alors j’ai couru. L’envie a dépassé la douleur, et j’ai serré les dents. C’est passé en série, pas en demi-finale.
Quelle a été votre réaction, une fois à terre ?
J’étais triste et en colère. En colère parce que j’avais déjà compris que cette blessure serait très longue à guérir. Et triste d’avoir arrêté ainsi ma saison, alors que j’étais en forme, que c’était une très bonne année. Les deux sentiments étaient mêlés.
Et vous avez été rapatriée immédiatement sur Paris...
Je me suis blessée le 10, je suis rentrée le 11 au soir et j’ai été opérée le lendemain par le Docteur Roland. L’opération a duré une heure et quart et s’est très bien déroulée. Le docteur m’a dit être très confiant et de ne pas m’inquiéter quand je me suis réveillée, ce que m’a confirmé le professeur Saillant, avec qui il travaille.
De votre lit d’hôpital, vous avez pu suivre la fin des mondiaux ?
Oui, j’ai pu voir les trois derniers jours, du vendredi après-midi au dimanche, la finale de Ladji, celle de Christine (Arron), des 4x100 m hommes et femmes. Pour la finale de Ladji, j’étais un peu K.O., car j’avais été opérée le matin. Mais toute ma famille était dans la chambre, on a suivi ça ensemble. Et j’étais tellement contente pour lui... J’ai tout de suite senti qu’il avait gagné. C’était serré, bien sûr, mais la caméra s’attardait sur lui, alors... Je le vois travailler tous les jours à l’entraînement, je sais donc que c’est un titre qu’il mérite.
Ladji est venu me voir dès le jour de son retour à Paris. C’est dans l’esprit de notre groupe d’entraînement. Tous les autres athlètes sont venus me voir, Renaud (Longuèvre, ndlr) aussi. Notre groupe est comme ça, plein de gentillesse il y règne une très bonne ambiance. En tout cas, ça faisait du bien de voir les athlètes de l’équipe de France à la télévision, et de constater que l’équipe était si compétitive. J’avais peur que les athlètes aient été impressionnés par ce qui m’était arrivé.
En fait, beaucoup d’entre eux ont évoqué votre blessure et trouvé dans cet épisode une source de motivation supplémentaire...
Je suis une personne qui parle avec tout le monde en équipe de France, qui n’a de problème avec personne. Comme l’équipe de France est un vrai groupe, tout le monde s’est senti touché. Cela a également décuplé ma motivation pour revenir.
Justement, quel est votre calendrier ?
Je vais être immobilisée par six semaines de plâtre, dont trois sans le moindre appui. Je vais « béquiller » à mort ! Puis va commencer une autre phase de six semaines de rééducation. En fait, ma reprise d’entraînement sera une rééducation ! Je devrais pouvoir reprendre les footings début janvier, ou au mieux en décembre. Je sais que ce sera long, mais dans ma tête, je suis prête.
Vous prévoyez même de faire une croix sur les championnats d’Europe 2006 ?
Ni Renaud ni moi ne voulons nous presser et louper quelque chose dans la rééducation. On m’a assuré qu’il n’y aurait pas de rechute au niveau du tendon si la rééducation se passait bien. Je ne veux donc pas me mettre la pression pour 2006. Si je suis prête pour l’été, ce sera un très beau cadeau. Mais je vise plutôt la saison en salle de 2007.
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