Mondiaux 2007 : Caristan voit Christine Arron en or sur 100 m

Avec quel objectif Christine Arron va-t-elle à Osaka ?

Pour être au moins en finale sur 100 m et 200 m, pour récupérer ses médailles de bronze d’Helsinki en 2005.

Quel temps Christine Arron peut-elle réaliser ?

Je ne donne pas de temps. Si elle gagne la finale en 11"40 dans des conditions pourries, je serai content. Si cela veut lui sourire, elle pourra même, surtout à la bagarre, prétendre à la victoire. Vraiment, elle a l’ambition et les moyens d’aller chercher l’or. D’ailleurs, elle en est complètement convaincue. Si elle arrive à mettre bout à bout ce qu’elle a réalisé à l’entraînement et en compétition, elle va vraiment se faire plaisir.

Quelle sera donc sa clé pour être championne du monde ?

Son sommeil. Depuis son retour des Antilles en mai, elle n’arrivait pas à dormir. Quelques jours avant Monaco, elle a trouvé la solution. Maintenant, j’espère que l’important décalage horaire entre la France et le Japon ne va pas faire resurgir ce problème.

Justement, qu’ont révélé les examens à l’Hôtel-Dieu ?

De mai à juillet, elle s’est entraînée à 95 % en salle. Donc, elle n’a pas été suffisamment exposée à la lumière. Ce manque a perturbé son sommeil. Depuis la mi-juillet, elle s’expose tous les jours entre une demi heure et une heure à la lumière artificielle d’une lampe. Ainsi, son sommeil est revenu. D’ailleurs, elle part au Japon avec cette lampe.

Contrairement à ce que certains persistent à croire, sa carrière n’est donc pas finie ?

Ses 11"06 réalisés le 25 juillet à Monaco ne sont pas le fruit du hasard. A Osaka puis à Pékin, elle leur donnera la meilleure des réponses.

Lors de votre premier contact en février 2007, comment était-elle ?

Face à moi, j’avais une athlète ambitieuse et motivée. Je n’avais pas une athlète en fin de carrière.

Avez-vous douté de la voir revenir au haut niveau ?

Jamais. Depuis le début de notre collaboration, j’espérais et j’espère surtout voir la poisse lui lâcher la bride afin qu’elle puisse enfin s’exprimer : entre les blessures, les problèmes de sommeil, un faux départ à Strasbourg et un virus lors des "France", le mauvais sort s’est acharné sur elle.

Comment la définissez-vous ?

Ambitieuse, professionnelle, motivée et partante pour gagner. Elle est aussi sensible... très sensible.

Un tantinet prétentieuse, aussi ?

C’est une carapace, pour se protéger de son hyper-sensibilité. Elle est aussi très réfléchie, sans doute trop d’ailleurs.

Pourquoi, "trop" ?

Christine est surtout dotée d’une auto-analyse exceptionnelle. Souvent, elle m’estomaque parce qu’elle met en application dans la seconde et à la lettre ce que je viens de lui demander. En course, quand un truc se dérègle, quand la mouche pète, sa réflexion la perd parce qu’elle prend une fraction de seconde de trop pour y penser. Ce côté trop attentif lui a fait perdre quelques courses et podiums.

Que lui conseillez-vous, alors ?

De moins se prendre la tête. Même quand la mouche pète, mon chrono lui démontre que laisser faire les choses la pénalisera moins que de prendre le temps d’y réfléchir.

Aurait-elle fait une bonne hurdleuse ?

Souvent, en rigolant, je lui dis qu’elle finira sur 100 m ou 400 m haies ! Si je lui demandais, je suis sûre qu’elle tenterait le coup. Avec envie et motivation, elle serait capable de belles choses sur 400 m haies. D’ailleurs, je n’ai pas dit mon dernier mot.

Votre collaboration va-t-elle se prolonger jusqu’aux Jeux de Pékin ?

Naturellement, nous allons attendre la fin de cette saison pour en parler. Si Christine veut arrêter, on arrêtera. Si elle veut continuer, on continuera. Pour l’instant, elle me donne plutôt l’impression que je serai encore en course avec elle en 2008.