Oscar Pistorius rêve de JO avec les valides
Publié le mardi 11 décembre 2007 à 19h08min
Le sprinteur sud-africain Oscar Pistorius, qui se décrit comme "la plus rapide des choses sans jambes", ne perd pas son sens de l’humour et sa confiance en lui, à l’aube d’une décision qui pourrait anéantir ses ambitions olympiques.
"J’ai toujours rêvé de participer avec les valides aux jeux Olympiques", a déclaré mardi à l’AFP le jeune homme de 21 ans, amputé des deux jambes à la suite d’une maladie congénitale.
Après avoir accumulé les trophées dans des compétitions réservées aux handicapés, Pistorius a décidé de se frotter aux valides dans des épreuves phares, dont il s’est très bien sorti. Il figure actuellement dans le tiers supérieur du classement des meilleurs coureurs de 400 mètres.
Mais ses jambes artificielles en fibre de carbone, fixées au-dessous de ses genoux, sont sujettes à polémique. La communauté sportive s’interroge pour savoir si elles ne constituent pas un avantage injustifié.
Rigueur et détermination
En accord avec la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), Pistorius a accepté de se soumettre à une batterie de tests, dont les résultats préliminaires doivent être rendus vendredi. Le Sud-Africain est conscient que son avenir sportif, et notamment sa participation aux JO de Pékin en 2008, en dépend, mais reste confiant.
"J’ai l’espoir qu’ils vont résoudre le problème en ma faveur parce que je ne vois pas en quoi mes guépards me donnent un avantage", plaisante-t-il, en comparant aux chaussures de sport de la marque Puma ses prothèses qui ont la forme de lames incurvées comme les pattes du félin.
Lors d’un entretien accordé chez lui à Pretoria, qui lui sert aussi de centre d’entraînement, il a assuré ne devoir son succès qu’à lui-même.
"Je n’avais jamais rêvé d’atteindre ce niveau. Parfois, je me surprends moi-même, dit-il. Mais je m’entraîne aussi dur que n’importe quel autre sportif. C’est juste la détermination qui nous distingue". Etudiant en commerce à l’université de Pretoria, Pistorius a entamé sa carrière de sprinteur il y a trois ans seulement, en faisant du jogging pour se remettre d’une blessure à un genou contractée dans un match de rugby.
Il a rapidement abandonné la pelouse des terrains pour les stades d’athlétisme, où il a battu les records des jeux paralympiques à 19 reprises.
"J’ai amélioré ma performance en 76 occasions, rappelle-t-il. J’ai couru le 400 mètres en seulement 46 sec 34/100, un record en Afrique du Sud !" L’homme, surnommé "Blade runner" (le coureur à la lame) en référence au film de Ridley Scott, porte ses prothèses depuis l’âge de 11 mois, mais ne s’est jamais considéré comme un infirme. Il refuse ainsi de profiter des places de parking réservées aux invalides.
Polémique
"Je ne me vois pas comme un handicapé ou différent des autres". Et d’ajouter : "Je suis ambitieux. Je peux gagner ou faire tout ce que je veux". Malgré ses succès, Pistorius n’a jamais réussi à faire taire les sceptiques, qui attribuent ses victoires à la performance technique de ses prothèses, plutôt qu’à son mérite.
Alison Burchell, membre de l’association des sportifs handicapés d’Afrique du Sud, espère que les résultats des tests mettront fin à la polémique. "Nous pensons que des travaux de recherche scientifiques et indépendants pourront écarter la part émotionnelle, de plus en plus forte dans ce débat". Si Pistorius est privé de JO à Pékin, il pourrait compenser par le glamour d’Hollywood, des producteurs ayant manifesté de l’intérêt pour son histoire.
Le jeune homme joue les modestes. "Ma première priorité est de me concentrer sur ma carrière. J’ai envie de croire qu’elle vient juste de commencer". Mais, quand on lui demande par quel acteur il aimerait être incarné, sa réponse fuse : Johnny Depp, rendu célèbre pour son rôle dans Edward aux mains d’argent.
Voir en ligne : CIO
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