Paris - Neuilly-sur-Marne - Colmar : Osipov et Varin vainqueurs
Publié le dimanche 21 juin 2009 à 13h19min
Comme on pouvait s’y attendre, Dimitri Osipov a remporté la 28 ème édition de Paris - Colmar nouvelle version. Le Russe, déjà 2 ème l’an dernier, n’a jamais été inquiété, ses concurrents abandonnant les uns après les autres. Osipov est pourtant parti sur un rythme prudent. Et bien lui en a pris.
« Ce n’est pas mon style de partir comme un fou. J’ai su prendre mon rythme et ne pas le lâcher », commentait-il une fois la ligne d’arrivée franchie. Sur les quinze concurrents au départ, dix ont abandonné jeudi lors de l’étape entre La Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne) et Saint-Dizier (Haute-Marne). En cause la chaleur, mais probablement un manque de préparation. Avec des coureurs comme Alain Costils (4 ème et meilleur Français l’an passé) hors course, Osipov n’avait plus qu’à gérer « tranquillement » son effort et rejoindre Colmar à son rythme, un peu en-dessous des 8 km/h de moyenne au final.
« Remporter Paris - Colmar, c’est un rêve, j’étais venu pour ça. C’est une course qui a encore beaucoup de prestige en Russie, explique le marcheur de Saint-Petersbourg, 42 ans. Mais j’aurais préféré la remporter avec une autre concurrence ». D’autant que le deuxième et dernier coureur en course, Pascal Maréchal finissait avec près de sept heures de retard au classement général. Vainqueur l’an passé, déjà, Sylviane Varin réédite son exploit. Longtemps à la lutte avec Dominique Alvherne (« Nous nous tenions en quelques minutes à Saint-Dizier »), elle aura fait la différence dans la journée de vendredi, entre Meuse et Vosges. « Je confirme ma victoire de l’an dernier, comme ça on ne pourra pas dire que c’est du hasard, souriait la Française. A part un petit coup de chaleur le premier soir, je me suis bien sentie tout au long de la course ».
Besoin d’un nouveau souffle
Deux concurrents classés en Élite chez les messieurs, à peine plus chez les femmes, une lisibilité médiocre à l’arrivée... L’épreuve mythique de marche athlétique est à la recherche d’une nouvelle formule. Et de compétiteurs. Le respect pour les athlètes est là, bien sûr. Marcher 470 km (320 km pour les femmes) en quelques jours sans véritable temps de repos reste un exploit. Avec 15 hommes et 8 femmes, seulement, au départ, on pouvait craindre le pire. Deux messieurs et guère plus de dames à l’arrivée à Colmar, ça ne fait pas très sérieux. Et si près de 300 personnes avaient fait le déplacement sur la place Rapp à Colmar pour assister à l’arrivée des rescapés, il n’est pas évident que toutes s’y soient retrouvées. Entre les arrivées des coureurs par étapes, des Promotion, des Élite et de ceux qui ne participent qu’à des bouts d’étapes, la formule manque assurément de lisibilité, malgré les efforts des organisateurs.
Ça fait plusieurs années de suite qu’on colle des rustines
« On a besoin d’un nouveau souffle, c’est évident, assène Hervé Delarass, directeur de l’épreuve depuis 28 ans. D’ailleurs pour moi, c’était la dernière. Je suis un peu fatigué. Ça fait plusieurs années de suite qu’on colle des rustines. Au bout d’un moment, il faut tout repenser. Je pense qu’un arrêt de quelques années ne serait pas forcément une mauvaise chose. Il faudrait former une nouvelle génération de marcheurs, se fixer un objectif et relancer la machine quand on se sent prêt ». Sous ce discours à première vue pessimiste, se cache une bonne dose de confiance.
« Je ne suis pas inquiet pour l’avenir à long terme de l’épreuve. Paris - Colmar s’est déjà arrêté à plusieurs reprises (1938-1948, 1960-1969, et 2004) et est à chaque fois reparti de l’avant. C’est une course mythique. Elle ne mourra pas ». Si on veut bien croire qu’on trouvera toujours des organisateurs et de l’argent (« 120000 €, ce n’est pas un budget astronomique ») pour (re)mettre l’épreuve sur pied, encore faut-il qu’il y ait des marcheurs. Et c’est bien là que l’affaire se corse. « C’est l’époque qui veut ça, analyse Roger Quéméner, lauréat à sept reprises entre 1979 et 1989. Il y a beaucoup de motivation et d’envie d’aller jusqu’au bout mais ça ne suffit pas. Il faut savoir se faire mal à l’entraînement. A mon époque, j’étais préparé comme un athlète de haut niveau.
On est beau en photo. Surtout quand on ne souffre pas
Je marchais deux fois par jour avec une journée de repos par semaine. Et je faisais du fractionné. Vingt fois 400 mètres avec le cœur à 180 pulsations par seconde. Ça chatouille. J’avais besoin de ça pour aller plus loin dans la douleur. Et j’allais en montagne pour faire de la montée - descente. Je ne vois pas ça chez les marcheurs d’aujourd’hui. Par contre, ils ont tous leur blog et compagnie. On est beau en photo. Surtout quand on ne souffre pas ». Entre envie et moyens, Paris - Colmar saura-t-il rebondir ? Ce serait d’autant plus appréciable qu’au même moment la marche athlétique connaît un renouveau à travers le pays sous l’impulsion, notamment de Yohann Diniz.
Voir en ligne : DNA
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