Pistorius, sprinter amputé, passe un test à Rome
Publié le vendredi 13 juillet 2007 à 10h45min
Le sprinteur sud-africain Oscar Pistorius, amputé des deux jambes, sera l’objet d’une attention particulière vendredi pour sa première course à l’étranger contre des athlètes sans handicap lors du meeting Golden League de Rome.
Pistorius n’attirera pas seulement le regard des curieux. Des experts de la fédération internationale d’athlétisme (IAAF) vont également analyser sa course pour déterminer si ses prothèses en fibre de carbone lui fournissent un avantage déloyal lui permettant de courir plus rapidement qu’avec ses seules qualités naturelles. Autrement dit, ils veulent savoir s’il triche avec ses longues lames, courbées à leur extrémité, qui font office de jambes.
Leurs conclusions auront des conséquences directes sur le rêve de Pistorius de participer aux jeux olympiques. Plus largement, il s’agit de délimiter les frontières du handisport et de l’équité sportive.
"Nous devons vérifier précisément quel est l’avantage, ou non, fourni par l’appareil technologique qu’il utilise", explique Elio Locatelli, qui dirigera l’équipe d’analyse vidéo à Rome au nom de l’IAAF.
L’intérêt de Hollywood
Pistorius, 20 ans, est né sans tibias ni péronés et il portait déjà des prothèses avant même de savoir marcher. Il n’a cependant commencé à courir très vite que beaucoup plus tard, en 2003, lorsque son entraîneur l’a convaincu de renoncer au rugby après une blessure. Depuis, Pistorius a battu trois records handisports. Il est le détenteur des records du monde du 100 mètres, du 200 m et du 400 m dans la catégorie des amputés des deux jambes. Il a déjà affronté des athlètes sans handicap cette année à l’occasion des championnats d’Afrique du Sud, se classant deuxième sur 400 m.
Son histoire a forcément éveillé l’attention du côté de Hollywood et l’acteur Tom Hanks est l’une des personnalités du cinéma américain intéressées par une éventuelle adaptation de sa vie à l’écran, a confié Pistorius à Reuters.
"Lorsqu’il court, cela interpelle beaucoup les spectateurs. Ça s’entend lors de la présentation des concurrents. Même quand il n’est pas devant", a dit son entraîneur, Ampie Louw, à Reuters. "Il est unique au monde et cela pourrait rester le cas pour les 10 ou 20 prochaines années". La polémique à son sujet s’est récemment envenimée. Cette semaine, Pistorius a ainsi accusé l’IAAF de discrimination envers les handicapés, ce que réfute la fédération internationale.
Duel contre Wariner
Le sprinteur a ajouté que le débat à son sujet sur l’équité sportive jetait une ombre sur l’ensemble des compétitions handisports.
"Cela a créé beaucoup de doutes dans l’esprit des gens, pas seulement à mon sujet mais au sujet des sports paralympiques en général", a déclaré Pistorius à Reuters, lors d’une pause à l’entraînement pour la course de Rome.
"Je pense que les sprinteurs amputés et les personnes handicapées dans le monde entier ont été assez interloquées par certains des commentaires formulés par l’IAAF ces trois, quatre derniers mois".
Vendredi soir, Elio Locatelli utilisera au moins trois caméras pour décortiquer la course et les mouvements de Pistorius, notamment sa foulée (est-elle artificiellement ample ?) et la durée de contact entre son pied et la piste (est-elle trop longue ?) L’IAAF souhaite également savoir si la vitesse du sprinteur sud-africain observe la même courbe que celle des autres athlètes.
"Ce n’est qu’une fois que nous aurons effectué des recherches et établi (établi de manière incontestable) qu’il est avantagé, qu’on pourra évoquer des interdictions. En attendant, il bénéficie de la présomption d’innocence", a prévenu Nick Davies, porte-parole de l’IAAF.
Le record personnel de Pistorius sur 400 ne lui permet pas encore d’atteindre les minima de la qualification olympique, établis à 45"9. Il espère atteindre cette marque cette année. Dimanche, il affrontera à Sheffield, en Angleterre, le champion olympique et du monde de la distance, l’Américain Jeremy Wariner.
"Je suis assez tendu, j’ai pas mal de trac. Mais c’est pour ça que je m’entraîne depuis trois ans et demi", dit-il.
Voir en ligne : Reuters
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