Pourquoi les coureurs kenyans sont les rois du marathon ?
Publié le vendredi 17 février 2012 à 07h29min
Les adjectifs dithyrambiques pleuvent à l’endroit des coureurs de fond kenyans. Et pour cause, ils ont remporté la quasi-totalité des marathons en 2011. Il est donc légitime de s’interroger sur les raisons d’une telle suprématie. Éléments de réponse.
Si la Jamaïque possède actuellement les meilleurs sprinteurs au monde, le Kenya peut se targuer d’avoir les meilleurs coureurs de fond. Et au vue de la saison 2011, il faudrait faire preuve d’un chauvinisme exacerbé pour ne pas dresser le même constat. Que ce soit à Londres, Boston, Paris, Chicago, Berlin, Rotterdam, Daegu (Mondiaux IAAF), Amsterdam ou New York, les marathoniens kenyans ont littéralement « écrasé » la concurrence. Pour preuve : 5 nouveaux records ont été réalisés par les coureurs kenyans. Emmanuel Mutai a terminé le marathon de Londres en 2h04’39", Moses Mosop a remporté celui de Chicago en 2h05’37" et Geoffrey Mutai a amélioré le record du prestigieux marathon de New York en franchissant la ligne d’arrivée après 2h05’06" de course. Si ces records sont à couper le souffle, c’est bien celui que Patrick Makau a réalisé à Berlin qui a marqué les esprits en 2011. Ce Kenyan de 26 ans a réussi l’exploit de détrôner l’Ethiopien Haile Gebreselassie en devenant le nouveau recordman du monde du marathon. Le nouveau temps de référence : 2h03’38", soit une moyenne vertigineuse de 20,48 km/h. Ajoutez à cela l’incroyable triplé qu’ont réussi les Kenyanes lors du marathon de Daegu (Mondiaux IAAF), vous obtiendrez le bilan running 2011 du Kenya !
Pour expliquer cette emprise kenyane sur la course de fond, plusieurs scientifiques (comme le Danois Bengt Saltin) avancent la thèse suivante : les Kenyans auraient des mollets beaucoup plus… fins que les coureurs du reste de la planète. Ils pèseraient, par exemple, 400 g de moins que ceux des Danois ! Ce qui rendrait le « ramené » de la jambe arrière plus aisé, d’où une multiplication décuplée de leurs foulées.
D’autres insistent sur le fait que les coureurs kényans ne boiraient pas ou prou pendant un marathon. Ils termineraient donc déshydratés et avec un poids corporel diminué (perte de 2 à 3 kilos). Ce qui peut évidemment s’avérer être un avantage sur une course de fond.
La troisième thèse avancée se résume en 3 mots : « entraînement en altitude ». Les coureurs kenyans auraient en effet la capacité à consommer de l’oxygène avec un rendement supérieur aux autres athlètes car ils s’entraînent constamment en altitude (1850 m). Qui plus est, les terrains accidentés et les cotes des hauts plateaux de la Vallée du Rift sont parfaitement adaptés à la course à pied de compétition. Bref, il n’y a pas meilleur endroit pour atteindre des sommets. Rien de très rassurant pour les concurrents des kenyans à quelques mois seulement des Jeux de Londres 2012.
Messages (1)
Je crois que la principale raison - outre l’altitude et la difficulté des terrains d’entraînement en nature, comme souligné - est qu’au Kenya, la course à pied est un formidable ascenseur social... comme le foot chez nous ou le basket aux USA par exemple.
Si la course faisait autant rêver les enfants de tous les pays du monde, nul doute que les Kenyans auraient affaire à rude concurrence indienne, chinoise, russe, américaine, brésilienne... et même européenne !
Pour résumer, je crois que c’est la culture de la course à pied qui fait d’eux les meilleurs.
En revanche, il serait plus sain de ne pas s’extasier devant la pluie de records tombés en 2011 : je crains que le talent de ces athlètes n’en soit pas seul responsable... Quid des contrôles antidopage dans la vallée du Rift ?