Renaud Longuevre : « Travailler dans la sérénité »
Publié le vendredi 29 juin 2007 à 07h25min
Après un début de saison réussi, Renaud Longuèvre, entraîneur de Doucouré, passe à la vitesse supérieure. Le maître, qui assistera son poulain à Paris, attend de lui une course propre et des finitions parfaites.
Renaud Longuèvre, pouvez-vous revenir sur la première sortie de Ladji à Eugene, aux Etats-Unis ?
J’étais agréablement surpris par la compétition de Eugene parce que Ladji termine, pour ne citer qu’un exemple, devant David Oliver qui est dans les sélectionnés américains pour Osaka et ce, dès la première course. Ça veut dire que jusqu’à la sixième-septième haie, il a été dans le rythme du très haut niveau. Liu, pour sa part, avait couru en 12"92 avec de très bonnes conditions juste avant. Il n’y en avait pas à Eugene ce qui permet de relativiser sa performance. Moi, je regarde en performances relatives aux autres : Ladji est à 14 centièmes de Liu.
Il y a eu également la coupe d’Europe...
La coupe d’Europe m’a laissé sur ma faim en terme de production technique. Très sincèrement, je m’attendais à mieux vu que les conditions, là, étaient très bonnes. Mais, il a planté un appui dans la mise en action. Il a un peu flippé de faire une chute. En coupe d’Europe, il faut assurer la gagne et c’est ce qu’il a fait. Il m’a expliqué tout cela après. C’est une course qui, pour moi, n’est pas réussie. Non pas ratée, ça serait cracher dans la soupe, mais pas réussie. Maintenant, on va regarder la prochaine course, Paris, et puis Rome. Nous voulons travailler dans la sérénité et dans une logique de construction technique jusqu’à Osaka.
Vous vous fixez, tous les deux, des objectifs avant chaque course. Qu’allez-vous lui demander de travailler à Paris ?
A Paris, ce que j’aimerais, c’est qu’il arrive à être un peu plus consistant sur ses fins de courses. Jusque là, lors des deux courses qu’il a faites, on sent qu’il a du mal à être endurant à la fréquence et qu’il a du mal à maintenir le rythme élevé jusqu’à la dixième haie. L’objectif va être de prendre un très bon départ et d’être offensif. A Eugene, c’était le cas. Ladji a été très performant sur le départ et sur la mise en action mais il a un peu craqué sur la fin. A Paris, j’aimerais qu’il imagine qu’il ne court pas 110 mètres mais 120 et qu’il n’y ait pas de trop grande déperdition de vitesse sur la fin.
L’opposition monte, chaque fois, en intensité. Ce sera le cas à Paris. Est-ce également un moyen de travailler le chrono ?
Tout à fait. Ladji est un garçon qui aime les challenges, la haute compétition. Il aime les conditions de pression maximale. Mais je crois qu’il est aussi capable de se motiver lorsqu’il n’y a personne, on l’avait vu faire 12"97 à Angers. Mais Ladji reste un compétiteur. Il a montré qu’il avait l’œil du tigre. Paris devrait l’aider à faire mieux que 13"35.
A Paris, la jeune garde du 110 mètres sera réunie. Que pensez-vous de Xiang et de Roblès ?
Liu Xiang, on le connaît, il a le même âge que Ladji. C’est un très très bon compétiteur, un garçon charmant. Son entraîneur et le DTN chinois sont des gens rares sur le circuit mondial, toujours très sympathiques avec nous. Je connais également très bien l’entraîneur de Dayron Roblès. C’est un très grand qui a formé six athlètes à moins de 13"30 dont Anier Garcia qui a été champion olympique. Son modèle technique est Guy Drut, comme moi. L’athlète, cependant, je ne le connais pas. C’est un jeune Cubain, très dirigé par l’encadrement. A Cuba, c’est le sport d’état.
Les Américains semblent un peu en retrait sur la distance à l’image de Johnson ou de Trammell. Pourquoi le 110 mètres haies, contrairement au sprint, reste une discipline plutôt européenne ?
Pour revenir à Trammell, je ne pense pas qu’il soit fini mais c’est un garçon qui est loin d’optimiser ce qu’il est capable de faire. Il a fait 10"02 ou 10"04 au 100 mètres ce qui fait de lui, et de loin, le meilleure sprinteur de tous les hurdleurs mais, il est empêtré dans une mauvaise technique de franchissement. Nous, nous avons eu la chance d’avoir Jacques Piasenta qui s’est beaucoup inspiré de Guy Drut quand il a mis sur papier les modèles techniques concernant la course et les haies. C’est en observant Drut que Piasenta a décliné les schéma techniques sur lesquels je travaille aujourd’hui. En France, nous avons la « French Touch » grâce à eux.
Voir en ligne : Sport 365
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