Romain Mesnil : « Extraordinaire »
Publié le samedi 1er septembre 2007 à 20h55min
Romain Mesnil a donné à la France sa deuxième médaille d’argent, ce samedi, en terminant deuxième du concours de saut à la perche. Il décroche un nouveau podium après celui des Championnats d’Europe de Göteborg l’année dernière. Il avoue que cette deuxième place en 2006 lui a permis de préparer sereinement celle d’Osaka.
Romain Mesnil, est-ce une soirée fabuleuse pour vous ?
Oui, une soirée fabuleuse. Mais non, pas fabuleuse, non. Fabuleux, ça aurait été en cas de titre. Mais c’est extraordinaire. Cela représente un aboutissement par rapport à tout ce que j’ai fait, un apprentissage du haut niveau. Il y a des gens qui arrivent dans des grandes compétitions, qui sont des champions dans leur tête. Moi, ce n’est pas mon cas. J’étais doué pour la perche, même si je n’avais pas de grandes qualités physiques, et j’ai fait des performances rapidement, sauf que je ne les comprenais pas et que j’ai dû apprendre à les refaire.
Savez-vous que vous figurez sur le podium d’un des concours les plus relevés de l’histoire de la discipline ?
Vraiment ? Cela fait plaisir d’entendre ça car on entend depuis longtemps que la perche n’est pas aussi forte qu’avant.
Racontez-nous votre concours
Il fallait prendre des risques aujourd’hui. J’ai hésité à commencer à 5,66 m mais je l’ai fait et j’ai manqué mon premier essai. Cela a été dur mais je l’ai repassé. Le concours a commencé à se libérer à 5,81 m. J’ai franchi cette barre mais nous étions neuf à l’avoir fait. Avec Ecker, on s’est regardé, on s’est dit que c’était fou, que ça n’allait jamais s’arrêter. A 5,86 m, le vent est retombé. Le premier essai n’a pas marché mais au deuxième, je me suis senti pousser des ailes. J’étais sûr que cela allait marcher. Je me suis senti haut, aérien. Du coup, nous n’avons plus été que quatre. Je me suis concentré sur 5,91 m car il y avait de l’or au bout. Le vent était moins bien mais ça a été un atout pour moi car je n’en avais pas besoin pour utiliser les perches que j’avais. Mais personne n’est allé au bout. Sur mon dernier essai, je ’’quille’’ d’un chouia et la médaille d’or s’échappe. Je ne suis pas totalement déçu, cela a été quelque chose d’extraordinaire.
Vous avez parlé de sensations aériennes. Pouvez-nous vous expliquer ça ?
Avant le deuxième essai à 5,86 m, je savais que ça passerait. Cela a été une sensation, quelque chose où on se sent fort et on ne sait pas pourquoi. Le problème, c’est que cette sensation ne reste qu’à l’instant T et ne revient pas forcément après. Il fallait continuer à se bagarrer et c’est ce que j’ai fait.
On a souvent parlé de vous comme un athlète au mental fragile
Je ne pense pas que ce soit réellement ça. Quand j’étais plus jeune, je faisais de la perche pour m’amuser. Mais j’ai réalisé des performances assez rapidement. Je prenais plaisir à sauter 5,80 m puis j’ai appris que c’était sérieux. J’ai commencé à prendre des claques. Et puis un jour, j’ai sauté 5,93 m, comme Jean Galfione. Cela me tombe dessus alors que je m’amusais encore et je vais participer à des Championnats du monde où je suis attendu. Et je me plante. Puis j’arrive à Paris en 2003 en étant très fort et je fais des choix qui ne sont pas bons. En 2004, je me plante encore, je me fais opérer en 2005. Mais je me suis toujours bagarré et j’ai appris des tas de choses, comme gérer le haut niveau par exemple, pas tout seul mais avec mes entraîneurs et un psychologue.
Votre médaille d’argent à Göteborg vous a-t-elle libéré ?
Elle m’a aidé toute cette année et ça m’a permis de me préparer sereinement. Avant, j’avais des flashes de mes échecs. Je me réveillais et n’étais pas bien. Quelquefois, il m’arrivait de rêver que je me plantais en finale. C’était dur mais depuis Göteborg, je n’ai plus jamais fait ça.
La suite logique maintenant, est-ce Pékin ?
Disons que c’est plutôt la suite tout court. Il va falloir réécrire l’histoire et cela va venir rapidement. Il faudra tout recommencer, ça risque d’être dur. Cette année, je n’ai pas fait de saison en salle, peut-être que je ferai la même chose l’hiver prochain. Il faudra arriver fort en compétition sans être blessé. A moi de gérer ça.
Vous avez obtenu une médaille le même jour que Yohann Diniz. Et vous aviez déjà été médaillé ensemble l’année dernière à Göteborg
Exact. C’est ma femme qui me l’a rappelé. Elle m’a dit : Yohann Diniz a eu une médaille, il faut que tu en aies une aussi. Mais lui, il aurait dû gagner l’or comme l’année dernière. Non je déc...
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