Serge Girard : Courir jusqu’au dernier souffle

Comment cette aventure a-t-elle commencé ?

À 30 ans, je courais un peu comme tout le monde pour entretenir ma forme. Et puis à 40 ans, j’ai lu un roman, « La grande course de Flanagan ». Une histoire qui raconte la première traversée en courant des Etats-Unis. Le choc. Une aventure des temps modernes qui m’a donné envie de me lancer ce challenge.

Quelles ont été vos différentes courses ?

En 1997, j’ai fait la traversée des Etats-Unis, et puis j’ai eu envie de relever le défi sur tous les continents. En 1999, il y a eu l’Australie, en 2001, l’Amérique du sud, en 2003, l’Afrique, en 2006, l’Europe et l’Asie, soit Paris-Tokyo. Cette fois, je veux battre le record de la plus longue distance courue en 365 jours sans un seul jour de repos. Un record détenu pour le moment par l’Indien Tirtha Kuma Phani avec 22581 km parcourus. L’idée est de le dépasser et de faire 25300 km, soit 600 marathons dans l’année, soit 70 km par jour.

Que veut-on prouver quand on veut relever ce genre de défi ?

On veut surtout se dépasser soi-même et tenter de savoir qui on est. On ne peut pas stopper, c’est comme une machine infernale qui ne peut plus freiner.

Comment vivez-vous ?

Des livres que j’écris, des conférences que je donne un peu partout, des produits dérivés de mes courses.

Pourquoi êtes-vous venu à Toulouse ?

Je réalise un tour de France pour raconter mon aventure, présenter le film réalisé sur la traversée des cinq continents et parler de mon futur défi prévu à Paris le 4 octobre 2009 pour un retour le 4 octobre 2010.

Vous pensez rallier des sportifs toulousains à votre cause ?

Oui. J’aimerais que des sportifs se joignent sur quelques kilomètres. Une façon de partager ce moment inoubliable.

Comment physiquement peut-on tenir sans un seul jour de repos ?

C’est une question de psychisme et surtout de passion totale. Sans elle, on ne peut rien faire. On baisse les bras.

Que fait un coureur de fond lorsqu’il ne court pas ?

Quand on arrive à un tel niveau, on n’a pas de temps à soi. On court toujours, on s’entraîne. J’ai besoin de courir chaque jour. C’est à la fois un équilibre mental et physique.

À quoi pensez-vous quand vous courez ?

On pense à sa famille, aux futurs défis à relever, on se nourrit des paysages, des rencontres.

Quels sont les plus beaux moments de vos courses ?

Avec les enfants. Des moments spontanés, enthousiastes. Sans savoir qui j’étais, ils couraient avec moi. Le bonheur.

Vous êtes vous fixé une date de fin ?

Non. Je veux courir jusqu’au bout, ressentir toujours ce besoin d’aller au-delà de moi. De toute façon, on ne sait jamais qui on est vraiment.

* Propos recueillis par S. Grasso