Stéphane Cand : New York n’était qu’une étape
Publié le mardi 9 novembre 2004 à 09h31min
Stéphane Cand a bouclé, dimanche à New York, le marathon en 3 h 06. Le coureur vaudois est en passe de réussir son pari : courir trente fois la distance mythique de 42 km 195 en une année. L’étape américaine était la 28 eme. Ne lui restent que les marathons de Monaco, dimanche prochain, et de La Rochelle, le 28 novembre, pour réussir son pari.
Dans la nuit féerique de Times Square, ils déambulent, fiers comme Artaban, leur médaille autour du cou. Leur nom y est gravé. Big Apple sait honorer ses héros en frappant monnaie et en flattant leur ego.
Pour beaucoup, le ING New York City Marathon s’est apparenté à un rituel de première fois. Initiatique, l’épreuve a transcendé leurs souffrances et magnifié leurs espoirs quand leurs pas harassés les ont conduits à la terre promise de Central Park. Dans le hall de l’hôtel E dison, qui résonne des témoignages et des rires des coureurs endimanchés, prêts à partir faire la fête, un homme semble bouder son plaisir.
« Franchement, je ne devrais pas le dire mais New York m’a déçu. C’est trop de business », confie Stéphane Cand.
Ainsi parle le « barjot » de Gland au soir de son 28 eme marathon de l’année. A La Côte, où il est magasinier chez Novartis, on l’appelle aussi l’« extraterrestre ».
« Pourtant, je n’ai pas d’antennes sur la tête », déclare l’ancien spécialiste de duathlon, reconverti dans le marathon à la chaîne par refus du dopage. Plus que d’autres d’ailleurs, il garde les pieds sur terre, qu’il arpente inlassablement, obsédé par la réalisation de son défi.
New York m’a déçu
Personnage hors du commun, irraisonnable diront certains, Stéphane Cand (32 ans) caresse un projet fou : parcourir en 2007 les 4850 kms qui relient Los Angeles à New York en moins de 53 jours ! Mieux que le français Serge Girard, un autre frapadingue de la course à pied, qui s’est fait comme spécialité la traversée des continents. Pour mettre sur pied une telle opération et réunir un budget de 300000 francs.
« C’est rien par rapport à la formule 1 ou la voile », dit-il. Il s’est mis en tête de draguer les sponsors en disputant trente marathons en 2004.
« Pour prouver la crédibilité de mon projet. » Ne lui restent que ceux de Monaco, dimanche prochain, et de La Rochelle, le 28 novembre, pour réussir son pari.
« C’est vrai, je ne suis pas un exemple à suivre », dit-il, conscient de l’extravagance de sa « démarche ». Si l’abus de kilomètres peut être nocif, il sécrète chez le vaudois un besoin presque pathologique de repousser ses limites.
« Je veux voir jusqu’à quel point mon corps peut supporter de tels efforts », affirme-t-il. Jusque-là, son entreprise a plutôt suscité incrédulité, stupeur ou hostilité.
« Le plus dur, c’est de convaincre les gens... »
Une machine à courir
Même s’il avoue une certaine fatigue ( « j’ai l’impression que mon corps est devenu un sac de patates, j’ai du mal à lever mes cuisses, à allonger mes foulées »), Stéphane Cand n’est pas encore au bout du rouleau. La preuve, à New York, il a battu son record de l’année en 3h06 !
« Marathon Man » est devenu une « machine à courir ». Une seule fois, à l’exception des marathons alpins, il a dépassé les 3h30’ de course. Deux fois, « pour ajouter du piment », il a enchaîné deux courses en un week-end.
« J’ai aligné le Queyras et Chambéry avec seulement quatre heures de sommeil entre », se vante-t-il. Au total, son compteur affichera aussi 60000 kms de... voiture !
A trois semaines de l’arrivée symbolique à La Rochelle, Stéphane Cand ne crie pas encore victoire.
« Je ne suis pas un surhomme, mon corps peut lâcher à tout instant, dit-il. Le pire, ce serait une fracture de fatigue ». Homme précautionneux, il s’est entouré d’un impressionnant staff médical. Médecin, physio, ostéopathe, orthopédiste, pédicure, diététicien veillent sur lui. Sans oublier sa femme Brigitte, « son coach, son petit dopage naturel ».
« A la moindre douleur suspecte, je réveille tout le monde », s’exclame-t-il. Mis à part une petite tendinite, quelques ongles arrachés et des crampes qui lui ont tiré des larmes dans la Drôme, sa carcasse a tenu bon.
« En fait, c’est la tête qui fait la différence, et comme la mienne est dure comme du marbre... »
D’autres défis à relever
L’an prochain, Stéphane Cand relèvera d’autres défis. La descente du Rhône, du glacier à la Grande Bleue, soit 855 kms en treize jours. Puis le tour de cinquante lacs de Suisse assortis à chaque fois d’un marathon.
« J’aurais pu en enchaîner quarante, mais cela aurait été un peu du réchauffé ! » De toute façon, il continue de ne pas aimer le marathon.
« La route, ça fout en l’air ! »
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