Stéphane Cand préserve sa santé en avalant les kilomètres
Publié le samedi 15 avril 2006 à 11h54min
Le marathonien de Gland continue sa préparation en vue de sa traversée des Etats-Unis.
« Non, Stéphane Cand n’est pas un phénomène, encore moins un surhomme. Pour moi, c’est juste un homme bien entraîné qui sait courir sans taper dans son capital santé », affirme Philippe Eisner. Une fraternité complice a réuni le toubib contestataire et le « barjot de Gland », un coureur à pied hors norme qui ne trouve son assouvissement, ou plutôt son épanouissement, que dans l’overdose de kilomètres. 2500 à son compteur, rien que depuis le début de l’année !
« Oui, c’est un peu ma drogue », convient l’insatiable marathonien. « Dis plutôt que c’est ton plaisir dans la vie. C’est moins péjoratif et bien plus vrai », corrige Philippe Eisner, un médecin un peu missionnaire sur les bords qui réprouve la médecine fast-food et préfère « éduquer les gens pour leur éviter les blessures que les dépanner comme le TCS... »
Comme il le dit, « Stéphane Cand aurait pu se passionner pour les trains électriques ou les braquages de banques ». Aventureux, il a choisi la course extrême, « parce que j’adore ça, parce qu’elle me permet de repousser mes limites », dit-il. En fait, le Glandois n’a fait que trouver chaussure à son pied ! « C’est sa liberté d’expression », sourit le toubib. Au diable les « qu’en-dira-t-on » !
Tel un homme des bois
Mais quel intérêt trouve-t-il ainsi à arpenter la terre en long et en large, sans s’arrêter ? Philippe Eisner répond à sa place en parodiant l’alpiniste Maurice Herzog, à qui l’on demandait pourquoi il montait la montagne. « Parce qu’elle est là ! » L’infatigable, qui disputa trente marathons en 2004, l’extravagant, qui parcourut 521 kms en sept jours sur un tapis roulant en 2005, ne serait-il donc qu’un gars bien ordinaire ? « Le corps humain a de formidables ressources, on en a progressivement perdu la perception et l’usage. Aux Etats-Unis, les hommes des bois devaient courir un marathon par jour, Stéphane est un peu l’un de leurs lointains héritiers. Aujourd’hui, les américains ne marchent plus », souligne Philippe Eisner.
« En fait, c’est le mental qui me fait avancer », ajoute le magasinier vaudois. Le mental et cet immense défi sur lequel il concentre toutes ses énergies. « C’est le bonheur qui m’attend », s’enthousiasme-t-il en évoquant cette traversée des Etats-Unis projetée en 2007, aujourd’hui repoussée en 2008 pour lui donner plus de chances d’aboutir. 4600 kilomètres en moins de cinquante-trois jours ! « Philippe Eisner est le seul à croire en mon entreprise... » Ensemble, ils ont décidé de faire un bout de chemin ensemble. Sans poudre de perlimpinpin, en se fiant à l’ergospirométrie. « On a mesuré l’endurance de base de Stéphane. Le but, c’est de gagner en intensité de course sans que l’organisme ne cède à la fatigue ou à la douleur comme lors de sa descente du Rhône. Pour relever son défi, il lui faudra aligner 95 kilomètres par jour ».
Mais comment réaliser pareille gageure ? « En rallongeant et en accumulant les distances, sans forcer la vitesse. Je n’ai pas de chrono dans la tête, juste un but à atteindre », explique Stéphane Cand qui, après avoir roulé les œufs pour sa petite Justine, déroulera sa foulée la semaine prochaine entre Bâle et Chiasso. Juste un galop d’entraînement avant un vrai tour de Suisse de 1200 kilomètres, en juin. Et ne croyez pas qu’il court à la casse. « La fonction crée l’organe. C’est dans le mouvement que le corps se construit et se renouvelle », rétorque Philippe Eisner. Et de conclure : « S’il peut souffrir un peu plus de pathologies articulaires, Stéphane se prémunit bien mieux contre les cancers, les maladies cardiovasculaires et l’obésité ».
– Itinéraire d’un barjot
- 2004 : Trente marathons en une année, dont celui de New York, couru en 3h06.
- Juillet 2005 : Descente du Rhône, du glacier à Port-St-Louis, 812 kms parcourus en treize jours.
- Septembre 2005 : Record du monde sur tapis roulant au Comptoir de Lausanne, 521 kms en sept jours.
- Décembre 2005 : Traversée du Jura, hivernale et en totale autonomie, de Bâle à la Course de l’Escalade, 318 kms en six jours.
- 18-21 avril 2006 : Traversée de la Suisse de Bâle à Chiasso, 294 kms.
- 26 mai-10 juin 2006 : Tour de Suisse, 1209 kms en seize jours. Soit 26,6 marathons ou 75,5 kms par jour.
- 2008 : Défi suprême, la traversée des Etats-Unis de Los Angeles à San Francisco (4600 kms) en moins de cinquante-trois jours.
Un message, un commentaire ?
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.