Vincent Clarico : « Objectif RM vétéran du 110 m haies ! »

Hurdler devant l’éternel, cet avaleur de haies court aussi pour défendre une cause et aider l’Artac, l’association française pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse. Interview.

Racontez-nous votre record du monde...

Avant les championnats du monde de Linz, je co-détenais le record du monde vétéran du 60 m haies avec Karl Smith, un américain qui avait couru en 7"96 en 2000. J’ai égalé ce chrono lors du meeting d’Eaubonne, cet hiver. Honnêtement, je voulais m’offrir le record du monde le jour même de l’anniversaire de mes 40 ans, le 8 janvier 2006... mais je n’ai pas trouvé de compétition ce jour-là. Il a donc fallu que j’attende le 19 mars pour le battre, en finale des championnats du monde vétéran en salle de Linz, en Autriche. Sans fausse modestie, je peux dire que j’étais vraiment au-dessus du lot. En plus, vu que je suis né en début d’année et que je n’étais vétéran que depuis trois mois, j’avais peut-être un petit avantage psychologique sur mes adversaires. D’ailleurs, à Linz, la finale de la catégorie Masters 35 ans s’est gagnée en 8"11 : j’aurais pu gagner contres des « petits jeunes » ! Les athlètes américains présents m’avaient surnommé « the rocket », la roquette. C’était très sympa.

Aviez-vous suivi une préparation particulière pour établir ce chrono ?

Depuis ma première sélection internationale qui date, tout de même, des mondiaux de Stuttgart en 1993, je n’ai jamais cessé de m’entraîner. En 2004, j’avais même été sacré vice-champion de France du 60 m haies derrière Ladji Doucouré. Ce record du monde vétéran, j’y pensais depuis longtemps. Je m’étais dit qu’il faudrait que je tienne bon entre 2004 et 2006... j’avais deux ans à gérer. Aujourd’hui, je m’entraîne trois à cinq fois par semaine. Je fais environ trois séances d’athlé pur, une séance de VTT pour le plaisir et, de temps à autre, de l’aqua-feeling en piscine. A mon âge, je pense que cinq séances hebdomadaires sont largement suffisantes. Vous savez, à 40 ans, tout devient beaucoup plus dur. Et je continue à vivre sur mes acquis...

Pointes aux pieds, éprouvez-vous toujours autant de plaisir ?

Oui, mais ce plaisir est différent. Sur 60 m haies, mon record personnel absolu est de 7"64. Dans ma vie, l’athlétisme m’a énormément apporté et je voulais, dans la mesure de mes moyens, renvoyer l’ascenseur à ce merveilleux sport. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de courir pour une cause. Je trouve essentiel de donner du sens à ma quête actuelle de records athlétiques. Je me suis donc rapproché de l’Artac, l’association française pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse présidée par le Dr Dominique Belpomme. Cette association travaille sur les nouvelles maladies qui se sont développées récemment à cause de la dégradation de l’environnement. J’essaie de leur apporter un soutien financier mais je me rends compte que la recherche de sponsors et de partenaires n’est pas facile. J’ai néanmoins un parrain de choc puisqu’il s’agit de Ladji Doucouré.

Pensez-vous vous attaquer, cet été, au record du monde vétéran du 110 m haies ?

Oui, c’est dans ma ligne de mire. Ce record actuel est de 13"73 et date, si je me souviens bien de 2003. Il est détenu par un certain Dave Ashford, un colosse américain, une montagne de muscles paraît-il. J’aimerais pouvoir m’y attaquer cet été mais il faudra que j’aille le chercher ! Ce serait idéal de pouvoir tenter de le battre en ouverture du prochain meeting de Paris Saint-Denis. J’ai d’ailleurs pris tous les numéros de téléphone de mes adversaires à Linz pour jauger les possibilités de monter une course en plein air. Je vais maintenant prendre mon bâton de pèlerin pour essayer de trouver un meeting. Enfin, je voudrais aussi remercier le CA Montreuil. Sans l’aide de mon club, rien n’aurait été possible.