Yoann Kowal : « J’ai changé mon hygiène de vie »
Publié le mercredi 11 février 2009 à 00h00min
Yoann Kowal a l’art de rebondir. Sur ses adversaires, grâce à son petit gabarit parfaitement adapté aux bousculades inhérentes aux courses en salle. Et sur les déconvenues, qui ne l’ont pas toujours épargné ces dernières années. Le Français occupe pour l’instant la première place des bilans européens sur 1500 m, grâce à sa quatrième place en 3’39"69, nouveau record personnel, lors du meeting de Stuttgart en Allemagne.
Une course qui ne le satisfait pourtant pas entièrement. Le protégé de Patrick Petitbreuil à l’Entente Périgueux Trélissac Athlétisme souhaite être encore plus acteur de ses courses. Un nouvel axe d’amélioration pour ce demi-fondeur attachant au tempérament de feu, qui a calmé ses ardeurs depuis deux ans. Résultat : une progression magnifique sur 1500 m, de 3’42"90 en 2007 à 3’35"95 en 2008. Le Meeting SEAT à Bercy, le vendredi 13 février, sera l’occasion d’appliquer ses nouvelles résolutions.
Yoann, vous occupez pour l’instant la première place des bilans européens en salle sur 1500 m. Est-ce significatif pour vous ?
Oui, car j’ai depuis longtemps dans la tête ces Championnats d’Europe indoor. Je sais que je suis un bon coureur en salle car je suis avantagé par mon petit gabarit. J’arrive à me faufiler, à m’adapter aux à-coups. Je me sens à l’aise car j’ai une foulée adaptée à l’indoor. Certains disent qu’ils sont gênés dans les virages. Ce n’est pas mon cas.
A Stuttgart, le 1500 m n’a d’ailleurs pas été de tout repos. Racontez-nous
En fait, il y avait au départ de la course des athlètes de bon calibre comme Augustine Choge, qui a couru sur 1500 m en 3’31" en 2008, et Deresse Mekonnen, le champion du Monde indoor de la spécialité. Ils ont été placés en première ligne avec les lièvres. Derrière, on s’est retrouvés à plusieurs en paquet. Je ne suis pas assez bien parti pour me placer dans les toutes premières places. J’ai tapé le pied du coureur devant moi, il y a eu plusieurs bousculades. J’ai fait le yo-yo tout au long de la course. J’ai enfin pu me libérer lors des quatre cents derniers mètres et j’ai accéléré. Je suis même revenu sur les talons du troisième (le Kényan Gideon Gathimba).
Que vous a-t-il manqué par rapport à Mekonnen et Choge ?
Il faut que je progresse dans la gestion de la course. A Stuttgart, il y a eu du bon et du moins bon. Ce n’est pas encore parfait. J’ai décidé d’être plus acteur de mes courses que l’an dernier. Je dois me motiver pour partir devant. En Allemagne, je passe en 2’28" au 1000 m. Ce n’est pas du tout rapide. Je sais qu’il faut que je m’accroche aux coureurs comme Choge. Je n’ai pas peur d’eux mais j’ai encore du mal à me dire que j’ai leur niveau, que je peux les suivre dès le départ. Je vais devoir maintenant prendre le risque d’y aller.
Vous en aurez l’occasion dès le Meeting SEAT, vendredi 13 février
A Bercy, je vais être le Français à battre. C’est un nouveau statut. Mais l’objectif à long terme, ce sont les Championnats d’Europe indoor à Turin car mon chrono devrait suffire pour figurer dans les seize premiers européens. Le Meeting SEAT et les Championnats de France serviront de séances rapides.
Justement, avec quelles ambitions pensez-vous aborder le rendez-vous turinois ?
Je n’aime pas trop m’avancer. Mais l’enseignement de la salle, c’est que n’importe qui peut passer à côté de sa course sur une erreur de placement. Tout le monde peut donc s’en sortir. L’an dernier, lors des Championnats de France Elite, on était trois largement en tête des bilans. La finale a été super tactique. Et j’ai finalement pris la troisième place seulement quelques centièmes devant le quatrième, qui possédait un temps d’engagement à 3’49". A Turin, il n’y aura pas de grands favoris. En tout cas, je n’irai pas là-bas juste pour faire la série !
Vous sentez-vous plus fort qu’en 2008 ?
Cet hiver, j’ai effectué un gros travail foncier. Je n’ai pas laissé tomber le steeple. Cette double préparation me sert pour le 1500 m. J’arrive à aller plus vite sur mes grosses séances avec de plus courtes récupérations. Je m’entraîne une fois par jour. Il est très rare que je double excepté quand je pars en stage. Je suis assez nerveux donc j’ai besoin de repos.
Vous avez connu une très forte progression l’an dernier. A quoi l’attribuez-vous ?
C’est vrai que ma progression a été flagrante. Comme toujours dans ces cas-là, elle a étonné beaucoup de monde. En 2007, j’avais couru en 3’42" sur 1500 m mais dans une mauvaise course. Je valais déjà beaucoup moins. Je n’ai donc pas gagné tant de secondes que ça même si j’ai couru en 3’35"95. Mes progrès reflètent mon travail. J’ai beaucoup changé mon hygiène de vie au quotidien. Je suis allé voir il y a peu une diététicienne. Les stages jeunes avec piscine et batailles de moutarde entre les séances, c’est fini ! Tout a changé, je suis plus sérieux. Ce sont ces petits détails qui font le haut niveau. L’inconvénient, c’est que je vois moins ma famille. Je suis souvent absent des baptêmes et des mariages. Mais tant mieux si ces sacrifices payent.
On se souvient de vos larmes au meeting de Saint-Denis quand vous avez échoué tout près des minima pour les Jeux olympiques. Il y a aussi eu votre exclusion de l’équipe de France juste avant les Championnats d’Europe de cross. Ça n’a pas été trop dur à encaisser ?
On me pose souvent cette question. Moi, je vis l’athlétisme au jour le jour, compétition après compétition. Si j’avais pris tout en compte, je ne courrai plus. J’ai vécu certains moments qui m’ont fait mal. Mais je me suis ensuite toujours fixé de nouveaux objectifs. Je ne suis pas rancunier.
* Propos recueillis par Florian Gaudin-Winer
Voir en ligne : FFA
Un message, un commentaire ?
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.