39 ème Course de Noel : Le retour d’une reine

Sion connaît Maryam Jamal. Venue sur la course de Noël en 2004 et 2005, l’Ethiopienne d’origine a marqué l’histoire de l’épreuve valaisanne avec deux victoires éblouissantes de classe et de pureté. Deux ans plus tard, la petite perle des hauts plateaux de l’Est africain n’a rien perdu de sa classe. Bien au contraire...

Plus aguerrie, plus mature et désormais reconnue, sous passeport bahreïni, sur les pistes des plus grands meetings internationaux, elle a quitté ses habits de princesse pour se glisser dans la tenue d’une reine planétaire. Sacrée championne du monde du 1500 m à Osaka au Japon cette année, elle fait désormais partie des stars mondiales du demi-fond.

Autant écrire que cette 39 ème édition de la course de Noël ne pouvait rêver de meilleure tête d’affiche. Arrivée en Suisse il y a cinq ans et demi pour y demander l’asile, Maryam Jamal se fait toujours aussi petite dans son survêtement. A l’allure du pas, elle a souvent les mots fragiles, la voix fluette et comme une envie de transparence une fois la sueur évacuée. Maryam Jamal aime la lumière des stades, très peu celle des caméras. La gazelle vit en fuite. A l’arrêt, elle devient vulnérable...

La course est son pays

Née Zenebech Tola sur les hauts plateaux d’Arsi en Ethiopie, Maryam Jamal a d’abord couru par nécessité. Ses jambes étaient son « transport scolaire ». 15 kilomètres quotidiens pour venir s’asseoir sur le banc usé d’une classe d’Assela et apprendre, grandir et courir, toujours... Comme tant d’autres : Haile Gebreselassie, Kenenisa Bekele, Tirunesh Dibaba... Les rois du demi-fond sont Ethiopiens. Maryam Jamal fait partie de la dynastie. Une sombre histoire de guerre ethnique larvée l’obligea pourtant à fuir son pays. Issue de la tribu des Oromos, qui représente le tiers de la population de l’Ethiopie, elle a du se résoudre à l’exil, le pouvoir étant entre les mains des Amharas, un autre clan. En 2004, alors qu’elle avait obtenu les minima pour les Jeux olympiques d’Athènes, elle n’avait pas été sélectionnée sous drapeau éthiopien.

S’enfuir était alors devenu sa seule issue pour allonger sa foulée. Zenebech ne serait plus Zenebech... La petite fille qui court a dû quitter cette terre de champions. S’ensuivit un absurde jeu de saute-frontières. France, Suisse, Turquie, Qatar... Maryam Jamal a zigzagué dans l’absurde jusqu’à atterrir à Bahreïn où elle a enfin pu courir en liberté. La Suisse de l’athlétisme lui ouvrait les bras. La plus officielle les garda croisés. Dommage...

Aujourd’hui, elle réside à Lausanne, bien couvée par les précieux conseils de Jacky Delapierre, le « boss » d’Athletissima, qui lui a permis de briller au plus haut niveau. Désormais habituée à jouer des coudes au sein des meilleurs pelotons mondiaux, Maryam Jamal promet donc d’illuminer une nouvelle fois les rues de Sion à quelques jours des fêtes de fin d’année. Elle détient du reste toujours le record de l’épreuve avec un temps de 16 minutes 29 secondes et des poussières. Une marque qui ne sera jamais battue étant donné la modification du parcours qui s’est vu délesté de quelques centaines de mètres pour cette 39 ème édition. Le peloton des femmes sera complété par d’autres coureuses étrangères, ainsi que par des habituées de la course de Noël comme Anita Weyermann (4 victoires) et la locale de l’étape, Christina Carruzzo. La Valaisanne effectuera son retour sur son épreuve fétiche après une longue absence due à des tendons récalcitrants. A noter encore la venue de la Fribourgeoise Valérie Lehmann, championne de Suisse du 1500 m.

Chez les hommes, le peloton s’annonce fourni avec plus de 50 athlètes sur la ligne de départ. Le favori devrait être l’Ethiopien Tolossa Chengere, récent vainqueur de l’Escalade genevoise. Côté valaisan, Tarcis Ançay, vainqueur de Sierre-Zinal en 2006, viendra avec l’intention de retrouver sa forme après avoir connu quelques pépins physiques ces derniers mois. Alexis Gex-Fabry, excellent lors des derniers championnats du monde de la montagne d’Ovronnaz, sera aussi présent, tout comme David Valtério et d’autres coureurs estampillés « treize étoiles ».