Carolina Klüft a retrouvé la soif de gagner

La triple championne du monde et championne olympique de la spécialité avait surpris tout le monde en annonçant en mars dernier qu’elle renonçait à défendre son titre olympique. "Elle avait tout gagné, elle commençait à s’ennuyer", souligne son père et manager Johnny Klüft. Et selon lui, sa fille a retrouvé la sérénité et l’envie de gagner dans le saut en longueur et le triple saut. "Désormais, elle s’entraîne un peu moins, dit-il, car elle a moins de disciplines. Elle se sent moins fatiguée qu’avant. C’est un challenge incroyable pour elle et son but est de faire de son mieux. Elle ne pense pas aux médailles".

La Suédoise, 25 ans, a-t-elle lâchée la proie pour l’ombre tant elle paraissait en mesure de s’adjuger une nouvelle médaille d’or dans l’heptathlon ? Pas sûr, estime le journaliste suédois Anders Lindblad, qui suit "Caro" depuis ses débuts aux Championnats du monde d’athlétisme juniors en 2000 au Chili, où elle avait remporté son premier titre majeur, à seulement 17 ans. "Elle a un esprit de compétition incroyable. Pas vis-à-vis des autres mais surtout vis-à-vis d’elle-même. Elle cherche constamment à s’améliorer et quand il y a de l’enjeu, c’est là où elle excelle", explique le journaliste du quotidien Svenska Dagbladet. Le 22 juin à Istanbul, la Suédoise a réalisé son meilleur saut en longueur depuis deux ans, avec 6,87 m, à 10 cm de son record personnel. Mardi prochain, Kluft, qui pointe au 8 ème rang du bilan mondial, tentera d’améliorer sa performance au meeting de Grangemouth, en Ecosse.

Marge de progression

En triple saut aussi, la Suédoise progresse. Le 8 juin à Växjö, la ville du sud de la Suède où elle a grandi, l’athlète a établi un nouveau record national de la discipline avec 14,29 m. Mais, au triple, on est encore loin des standards d’excellence. Il lui faudra ainsi gagner un demi-mètre d’ici les JO pour espérer monter sur le podium. "Le fait qu’elle ait encore une marge de progression la stimule énormément. Elle a l’impression de retrouver la sensation qu’elle avait à ses débuts en athlétisme, où elle était moins bonne que les autres et elle ne pouvait que progresser", ajoute Lindblad. Ce qui fait la force de Carolina Klüft, d’après lui, c’est justement cette motivation, "qui peut la mener très loin".

"Mais surtout, elle fait ça parce que ça lui plaît et qu’elle s’amuse beaucoup", poursuit le journaliste. Issue d’une grande famille de sportifs (sa mère était championne de saut en longueur et son père footballeur en première division), Carolina Klüft a commencé l’athlétisme à l’âge de douze ans. "Un jour, elle est rentrée de l’école et m’a annoncé qu’elle avait sauté plus haut que tous ses camarades de classe, filles et garçons confondus. Je me suis dit qu’elle avait vraiment quelque chose", raconte son père. Sa fille ne l’a pas démenti. Elle a été deux fois championne d’Europe, en 2002 et 2006, trois fois championne du monde, en 2003, 2005 et 2007, et médaillée d’or aux jeux Olympiques d’Athènes en 2004.