Caster Semenya, la fin de la polémique

L’épilogue tant attendu est enfin tombé : Caster Semenya courra bien dans les semaines à venir. La Fédération internationale a autorisée la sud-Africaine de 19 ans à reprendre une vie d’athlète normale, mettant ainsi fin à une polémique de plusieurs mois. "Je suis ravie de rentrer dans l’arène mondiale de l’athlétisme et j’attends avec impatience de reprendre la compétition avec ces questions derrière moi", a déclaré la jeune championne, citée dans un communiqué de ses avocats.

L’ANC, le parti au pouvoir en première ligne dans ce combat, s’est félicité de cette décision. "L’ANC est ravie que notre "fille en or" puisse participer à toutes les compétitions internationales en tant que femme. C’était notre revendication, celle de sa famille, du gouvernement et tous ses soutiens", affirme Jackson Mthembu, porte-parole de l’ANC. L’IAAF a autorisé Caster Semenya à reprendre la compétition avec effet immédiat sur la base des conclusions d’un panel d’experts médicaux. Ces experts avaient été saisis en août dernier, juste avant la finale du 800 m des Mondiaux 2009 à Berlin dominée de bout en bout par la Sud-Africaine, dont la morphologie semble très masculine.

Fin de l’humiliation

"Nos négociations directes avec des représentants de l’IAAF, via un médiateur, ont duré dix mois avec des réunions à Monaco, Istanbul et Paris en toute confidentialité", a précisé Me Greg Nott, partenaire du cabinet Dewey & LeBoeuf à Johannesburg. "Nous sommes enchantés que Caster soit finalement autorisée à reprendre la compétition avec les autres femmes, c’est son droit légal et naturel", a également commenté Jeffrey Kessler, qui dirige l’équipe des contentieux au cabinet Dewey & LeBoeuf. "Nous espérons que cette résolution serve de précédent pour qu’aucune athlète féminine n’ait à souffrir des longs délais et de l’attention médiatique qui ont été imposés à Caster".

La saga Semenya avait scandalisé l’Afrique du Sud et pris une tournure politique et raciale dans le contexte très particulier d’un pays libéré de l’apartheid seulement 16 ans plus tôt. Le président sud-africain Jacob Zuma avait exprimé son "mécontentement" vis à vis de l’IAAF, dénonçant "l’humiliation" dont était victime Caster Semenya. Le président de la Fédération sud-africaine d’athlétisme (ASA) Leonard Chuene et plusieurs membres de son équipe avaient été suspendus en novembre 2009 par les autorités sportives du pays après avoir été accusés par le Congrès national africain (ANC) au pouvoir de ne pas assumer leurs responsabilités. Leonard Chuene et son équipe sont "suspendus avec effet immédiat jusqu’aux conclusions d’une enquête disciplinaire et en attendant d’autres actions", avait indiqué la Confédération des sports et comité olympique (Sascoc). "Les individus suspendus devront répondre des accusations d’avoir discrédité l’ASA, l’athlétisme, Sascoc et le sport en général", avait-elle précisé.

Un peu plus tôt, l’ASA avait publié un communiqué pour "s’excuser publiquement et sans condition auprès de Caster Semenya, de sa famille, du président de l’Afrique du Sud et de tous les Sud-Africains pour sa gestion des tests de féminité et ses conséquences". Leonard Chuene avait initialement nié avoir su que la jeune femme avait été soumise à des tests de féminité. Il avait ensuite reconnu que de tels tests avaient bien été effectués dès le 7 août. La classe politique et l’opinion publique sud-africaine avaient serré les coudes autour de leur athlète et obtenu l’assurance qu’elle conserve son titre et son prix sans lien avec le résultat des tests de féminité. Mardi, la ligue de la Jeunesse de l’ANC a salué "la fin des spéculations sauvages alimentées par ceux qui s’opposent aux progrès et aux succès des anciennes populations désavantagées d’Afrique du Sud".