Chpts de France Elite : Arron fait le compte

A peine remise de la sensation Doucouré sur 110 mètres haies, vendredi, la cité d’Angers, théâtre des Championnats de France, a vibré samedi pour Christine Arron. Absente sur le 100 mètres, la Française a rempli sa mission sur le 200 mètres en décrochant un titre, assorti des minima pour les Mondiaux d’Helsinki en 22"38. Un chrono qu’elle n’avait plus atteint depuis...1999 ! Une distance favorable à Pognon sacré en relâché tandis que Karl Taillepierre, lui, au triple saut, avec un bond à 17,45 m, décrochait son billet direct pour la Finlande.

Forcément difficile. Après une troisième journée vendredi écrasée par les 12"97 de Ladji Doucouré sur 110 mètres haies, ces championnats de France à Angers, véritable réussite populaire avec pas moins de 35 000 spectateurs réunis sur trois jours, avaient samedi vingt-quatre heures plus tard comme l’impression d’avoir eu droit à leurs feu d’artifice avant la lettre. Pourtant, avec dix-huit finales au programme, le programme de cette dernière journée s’annonçait des plus copieux.

Arron, Pognon, Raquil, Keïta, Baala, Galfione... : les stars de l’athlétisme français étaient toutes là où presque pour donner à ce rendez-vous des "France" une conclusion digne de ce nom. A moins d’un mois du coup d’envoi des Mondiaux d’Helsinki, rendez-vous de la confirmation pour l’équipe de France deux ans après la razzia de Paris 2003, la quête des derniers minima battait de nouveau son plein. Sans pression superflue pour des cadres du calibre d’Arron ou Pognon venus décrocher le sésame sur 200 mètres, nettement plus dramatique pour d’autres...

Arron-Pognon : doublé 100-200 à Helsinki

A l’image d’une Solen Désert, symbolique de cette chasse acharnée au précieux sésame pour l’expédition finnoise, et qui, engagée sur 400 mètres, a été à deux doigts ou presque de faire sauter la banque. En tête jusqu’à deux mètres de la ligne, la Brestoise était reprise in extremis par la Sénégalaise Amy Mbacke Thiam victorieuse en 51"47. Un crève-cœur puisque la Française, deuxième en 51"52, échouait là à seulement deux centièmes des minima IAAF. Loin des mimima de la Fédération française mais une marque IAAF en-dessous de laquelle Désert, en cas d’envoi d’un 4X400 mètres à Helsinki, pourrait prétendre prendre part au grand rendez-vous planétaire.

Ecrasé par une chaleur caniculaire, Angers avait donc en cette fin de semaine des allures de terrain laissant libre court aux espoirs les plus fous. Ceux de Christine Arron et Ronald Pognon, les deux locomotives du sprint tricolore ayant choisi de faire l’impasse sur le 100 mètres, pour mieux décrocher les minima sur 200 mètres, étaient sans doute moins illusoires. Sacrés tous deux champions de France, les deux protégés de Guy Ontanon ont rempli leur contrat en ajoutant au 100 mètres la distance supérieure à leur arc pour Helsinki.

Pour Arron, le bilan est quasi-parfait avec deux chronos sous les 22"40, un meilleur temps de 22"38 et surtout la satisfaction d’avoir vu la Française évoluer à un niveau plus atteint depuis... 1999, année de son record personnel en 22"26. Depuis mon record, depuis 1999, je plafonnais à 22"60 sur 200 m. Maintenant que j’ai fait les minima, je compte bien doubler à Helsinki. Et ce sera pour faire quelque chose sur chaque distance." Reste que ce chrono ne constitue au bilan de la saison que la onzième meilleure performance mondiale, loin, très loin des 22"13 de l’Américaine Allyson Felix. Pognon, lui, bien qu’il a amélioré son record personnel en 20"34, risque fort de ne pas recevoir toutes les félicitations de son entraîneur. Sa façon de couper sur la ligne en finale n’a pas manqué de surprendre. Et l’excuse de la chaleur ou de l’enchaînement des courses ne suffiront pas. Un peu court jeune homme... Ses conclusions pour Helsinki n’en ont pas moins claires : "Je pense doubler 100, 200 m et pourquoi pas le relais ? On n’a pas peur de se frotter aux Américains. Je ne rêve pas encore de quelque chose à Helsinki, c’est trop tôt. Mais le 100 et le 200 m c’est jouable, les Américains le font bien."

Le bond de Taillepierre !

Des cadres dans le coup, comme Naman Keïta sur 400 mètres haies, sacré en 49"19, Mehdi Baala, intouchable sur 1500 mètres en 3’43"36, Manuela Montebrun régulière au marteau avec un lancer à 72,01 mètres ou encore Melanie Skotnik, victorieuse à la hauteur grâce à une barre à 1,95 mètres et en échec par trois fois sur le record de France (1,97 m), seul Marc Raquil, certes titré, ne parvenant pas à faire mieux qu’un chrono de 45"88, encore trop loin des 45’’10 imposés par les minima.

Mais le coup d’éclat de cette dernière journée angevine était l’œuvre d’un Karl Taillepierre époustouflant sur son dernier essai du triple saut. Poussé dans ses derniers retranchements par un Julien Kapek, qui échouera, lui, à 17,06 mètres (record personnel), soit à sept centimètres des minima pour Helsinki, Taillepierre, sur son ultime bond, atterrissait à 17,45 mètres, record personnel pulvérisé de 29 centimètres et minima écrabouillés. Mieux, l’homme de Pointe-à-Pitre échouait à seulement dix centimètres du vieux record de Serge Hélan (17,55 m en 1994). "Lorsque Julien (Kapek, ndlr) a sauté 17,06 m, ça m’a boosté. C’est en partie grâce à lui que j’ai réalisé ça, et j’espère qu’il partira aux Mondiaux car il est tout proche des minima. Je savais que je pouvais faire une telle performance, mais j’ai souvent été mal réglé, j’ai souvent mordu... Maintenant, j’y vais à fond, je rentre dedans, comme les étrangers. Et puis, j’ai vu Ladji Doucouré, hier, réaliser son record de France. Ça m’a donné envie de faire une grosse perf sur la piste !" Ah, ce Ladji...