Deux polynésiens vont défier la vallée de la mort
Publié le dimanche 26 juin 2005 à 11h56min
Deux polynésiens, Patrick Cande et Jean-Michel Monot, représenteront la polynésie française dans la course à pied la plus extrême qui soit : 220 kms de course dans le désert de la vallée de la mort, aux Etats-Unis. L’ultra marathon baptisé la "Badwater Race" dans le Nevada se déroulera du 11 au 13 juillet 2005.
Leur défi : réaliser une première polynésienne dans le monde des ultras raids. Leur objectif : donner aux jeunes l’envie d’aller chercher par le biais du sport, le goût de l’effort, de la découverte de soi et des autres.
Patrick Cande indique avoir couru une quarantaine de marathons tout autour de la planète, dans les déserts de Jordanie, d’Afrique ou des Etats-Unis. Partout où il y a du sable, de la chaleur, là ou il faut souffrir, pousser ses limites à l’extrême, il est présent. Sa spécialité : les ultra marathons.
Jean Michel Monot est son complice et son mentor. Le palmarès de sa carrière sportive est impressionnant : brevet alpin de haute montagne, champion de France de VTT (1985), trois championnats de France et du monde en triathlon et marathon, un "ironman", 6 ème en individuel en 1989 au trophée de la vallée du Nil (raid de 300 kms en 10 jours), 11 ème de la Transamazonienne (360 kms). La liste est encore longue.
La température peut dépasser les 60° C
Ensemble, ils prendront le départ de la "Badwater race, édition 2005", le plus extrême ultra marathon du monde. La course commence dans le désert de sel de la vallée de la mort, à 86 m sous le niveau de la mer. Les compétiteurs passent ensuite par trois cols à plus de 1500 m d’altitude, avec une arrivée sur le Mont Whitney. Le périple de 220 kms non-stop doit être bouclé en 60 heures maximum et passe au cœur de cette vallée à la sinistre réputation.
Au total, 85 concurrents prendront le départ de l’édition 2005 de cet évènement sportif le plus dur physiquement de tout ce qui existe en matière de sports extrêmes. A Badwater, les candidats titillent la mort uniquement pour toucher du doigt leur extrême limite.
"Cette course a lieu au moment le plus chaud de l’année avec des températures qui peuvent dépasser les 60°C. Près du sol, on a déjà enregistré des températures avoisinants les 80 degrés", explique Patrick Cande. Il confesse : "En lisant tous les articles sur cette course, j’étais à deux doigts de déclarer forfait".
Baptisée par les survivants de l’enfer
Treize pays seront représentés dans cette compétition qui a pour théâtre la vallée de la mort qui s’étend dans le Nevada sur 7700 km2 dans cette région la plus chaude de la planète.
En 1849, les pionniers en partance pour la ruée vers l’or ont été les premiers à traverser cet immense désert de sel et de sable. Les survivants échappés de cet enfer ont baptisé l’endroit "Death Valley", la vallée de la mort.
"Les athlètes sont sélectionnés sur dossier. Les organisateurs ne retiennent que les candidatures des coureurs au curriculum vitae hors du commun" explique à Tahitipresse Jean Michel Monot.
Un détail et pas des moindres : pour avoir une chance d’être sélectionnés, les coureurs doivent apporter la preuve d’avoir disputé des courses supérieures à 100 kilomètres, ainsi que des raids et une pléiade de marathons.
Un polynésien en 2003, deux en 2005
"En 2003, j’étais le seul polynésien à disputer la Badwater et le premier français à terminer. Cette année, je la refait avec Jean Michel Monot", commente Patrick Cande. "Notre défi cette année consiste à disputer deux compétitions internationales, la Badwater, soit, 220 kms dans le désert de la vallée de la mort, qui sera suivie d’une autre course à vélo de 800 kms, laquelle a lieu en octobre et traverse également cette région. Ceux qui font ces deux courses extrêmes entrent dans la catégorie de l’élite", poursuit Patrick Cande.
Chaque coureur est suivi par une voiture dans laquelle deux accompagnateurs sont là pour faire attention aux insolations et à la déshydratation de leur compétiteur.
"Bon nombre d’équipiers se retrouvent à l’hôpital, victimes également de déshydratation. Dans la vallée de la mort, l’hyperthermie peut avoir des conséquences graves, irréversibles" prévient Jean Michel Monot. Certains coureurs atteignent des températures corporelles de 42°C et frôlent la mort.
"Quand le vent se lève, on a l’impression d’ouvrir un four à 200°C et de plonger la tête dedans", plaisante Patrick Cande.
Tous les ans, des coureurs sont hospitalisés. Ici, le vent brûlant sèche la gorge en deux minutes. La réalité de la course dépasse la fiction. "Mon obsession est de lutter contre la chaleur. Il faut absolument éviter de laisser monter sa température" lance Patrick Cande en consultant les photos rapportées de son premier engagement dans cette épreuve, au terme de laquelle il s’était classé vingt-sixième.
Pas jusqu’à l’obsession
Les "Ultra runner" de Tahiti s’entraînent actuellement.
"Néanmoins, je ne veux pas que cette course m’obsède. Je m’y prépare mentalement et physiquement en m’engageant dans toutes les courses organisées sur le territoire. En moyenne, je courre trois ou quatre fois par semaine entre quarante minutes et une heure", affirme Patrick Cande.
"La vallée de la mort est très belle, aride, unique, singulière, j’aime bien !", explique-t-il. "Au départ, il y a un lac de sel où la vie est pratiquement inexistante. Le paysage est atypique. L’horizon est brouillé et l’on y voit danser la chaleur. A certains endroits, des dunes de sable peuvent devenir un ennemi si le vent se lève. C’est le seul paramètre que je n’avais pas considéré. Quand le vent a soufflé, il m’a cloué sur place".
Un budget de 1,9 million Fcfp
Avec l’équipage, les suiveurs, l’alimentation, l’hébergement l’inscription, il faut 1,9 million Fcfp minimum (15922 €) pour participer aux deux raids extrêmes (Badwater et Furnace Creek race). D’ailleurs, Patrick Cande et Jean Michel Monot cherchent des sponsors pour les emmener conquérir l’Ouest et ses deux compétitions extrêmes.
"Nous nous engageons à ce que, dans le cas où le budget global présenterait un excédent, le solde soit utilisé pour des œuvres caritatives", précisent les deux athlètes.
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