Dominique Chauvelier, macadam cow-boy
Publié le lundi 24 avril 2006 à 13h55min
Au départ de l’Humarathon, hier, le crâne chauve de l’icône des joggers hexagonaux. À cinquante ans, il continue de battre les vieux records d’Alain Mimoun.
Ce type-là a quelque chose de Molière, la perruque ondulée en moins. Dominique Chauvelier, dit « Chau-chau », chauve comme un oeuf, VRP multicartes de la course à pied, voudrait bien mourir sur scène comme l’auteur du Malade imaginaire. Il ne plaisante qu’à moitié quand il dit : « Un jour où l’autre, je vais me faire percuter par une bagnole. Là, les gens diront : il est mort de sa passion. Il a quand même eu une belle mort... »
Un talent pour la course et la tchache
Dimanche, sa carcasse effilée sera au départ de l’Humarathon à Vitry-sur-Seine, pour donner le « la » aux coureurs du 10 kilomètres. Il sera meneur d’allure. Une des activités du patron de la société Endurance Événements. Ancien athlète de haut niveau, médaillé de bronze européen sur marathon en 1990, Dominique Chauvelier a su faire prospérer son talent pour la course et la tchache. Il dit sur le ton de la satisfaction : « Ma vie, c’est 35 ans de course à pied, des années où je me suis entraîné dur. Aujourd’hui, j’en récolte les fruits. Savoir faire partager ma passion me permet aujourd’hui de vivre ».
Ancien employé de banque, il a assez vite lâché son costard pour créer sa petite entreprise Endurance Événements. Si bien qu’il peut dire sans forfanterie : « J’ai une société pour moi tout seul, je suis mon propre patron et mon propre employé ». C’est une forme de retour économique. À treize ans, le jeune Chauvelier a choisi la course à pied parce que la famille ne roulait pas sur l’or. « Je voulais faire un sport individuel, alors c’était vélo ou course à pied. Comme j’étais issu d’un milieu modeste, je n’ai pas osé demander à mon père de m’acheter un vélo ».
Si on se gratte la tête, on se dit que la France a peut-être perdu un grand coureur cycliste. Parce que Chauvelier est un dur au mal. Certains vont peut-être penser au détour du prochain paragraphe qu’il a un discours « réac ». D’autres jugeront, au contraire, qu’il est aussi bon dans ses analyses que n’importe quel sociologue du sport. Alors voilà ce qu’il dit sur la jeunesse des années 2000 : « À quinze ans, mon fils est sur Internet en permanence, ça m’énerve... Aujourd’hui, on est dans une société où l’effort fait « chier » les jeunes. Seulement, à quarante ans, ils vont se remettre à courir parce qu’ils seront bedonnants ».
Malgré ses multiples casquettes, Chauvelier n’a jamais arrêté de courir. Et il est toujours filiforme. C’est son business, remarquez... Toujours est-il que Mr Chauvelier est un boulimique du travail. La liste est longue de ses collaborations : « J’ai un rôle de consultant chez Adidas, c’est le gros de mon activité. Ensuite, il y a le magazine Jogging, la chaîne Eurosport, je suis directeur de course du marathon du Mont-Saint-Michel, meneur d’allure du marathon de Paris, je parraine des courses, je suis aussi entraîneur d’athlète de haut niveau et patron d’un club... »
Pas facile à suivre dans la vie
En fait, il est épuisant, Chauvelier. Pas facile à suivre dans la vie comme sur la distance d’une course. À cinquante ans, il continue de tomber les records chez les vétérans. Et pas n’importe lesquels : les vieux chronos d’Alain Mimoun, champion olympique du marathon en 1956. Quand on sait que Mimoun était une machine à courir, on se dit que Chauvelier a du coffre. Lui, ça le contrarie plutôt : « Je n’en tire pas gloriole, ça me motive. Ce qui est perturbant, en revanche, c’est qu’à cinquante ans avec un minimum d’entraînement, je suis encore capable de faire vingtième du semi-marathon de Paris. C’est presque anormal et inquiétant pour la relève... » Inquiétant aussi pour lui : il n’est pas prêt de s’arrêter de courir, « Chau-Chau ». Mais, puisqu’il veut « mourir » sur scène...
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