JO 2004 : De plus en plus de transfuges
Publié le vendredi 30 juillet 2004 à 21h13min
On les a comparés à des mercenaires et ce sont souvent des considérations matérielles qui les motivent : de plus en plus de sportifs de pays émergents, mais aussi de grandes nations sportives, changent de nationalité et défendront de nouvelles couleurs à Athènes.
Dernière en date, l’ancienne marocaine Hind Dehiba, spécialiste du demi-fond, a reçu officiellement sa nationalité française le 21 juillet, lui permettant d’être sélectionnée pour les jeux avec l’équipe de France.
Agée de 25 ans, Dehiba est mariée depuis mars 2003 à un français d’origine marocaine, Fodil Dehiba, et s’entraîne à l’institut national du sport et de l’éducation physique (Insep), près de Paris.
Il y a deux semaines, c’était un coureur de 400 m américain, Malachi Davis, qui, fraîchement naturalisé, annonçait sa participation au relais 4x400 m de Grande-Bretagne, éliminant du même coup de la sélection un britannique de souche.
La polémique Cherono/Shaheen
L’un des transfuges les plus connus est le kenyan de naissance et danois d’adoption Wilson Kipketer, coureur de 800 m, premier d’une longue série de talents enlevés à l’afrique de l’est.
C’est un de ses compatriotes qui a déclenché l’an dernier une polémique mondiale, remontant jusqu’au comité international olympique (CIO). Stephen Cherono, 21 ans, est devenu qatarien sous le nom de Saif Saeed Shaheen, peu de temps avant les mondiaux d’athlétisme de Paris en 2003. Il y a remporté le titre mondial du 3000 m steeple et aurait touché un million de dollars pour son « transfert ».
Mais Shaheen ne pourra pas courir à Athènes. Le règlement olympique impose en effet, sauf avis favorable du comité olympique d’origine ce qui n’est pas le cas pour l’ex-Cherono, d’être naturalisé depuis au moins trois ans pour être sélectionnable.
La filière kenyane
« D’un point de vue moral, nous devons éviter la création d’un marché des transferts d’athlètes », s’est inquiété le président du CIO, Jacques Rogge.
Cela n’a pas empêché un autre kenyan, Albert Chepkurui, de rejoindre le Qatar pour y devenir Ahmad Hassan Abdullah.
Bahrein a aussi recruté deux kenyans : Abel Cheruiyot, médaille d’argent des mondiaux 2002 de cross-country et Leonard Mucheru, médaille d’or des mondiaux de cross 2000.
L’Australie, pays d’immigration, avait déjà profité d’une fuite des talents russes, comme ceux de Tatiana Grigorieva, médaille d’argent à la perche dames à Sydney, et son mari Viktor Chistyakov, ainsi que Dmitri Markov, également perchistes.
Une autre nationalité pour fuir l’apartheid
Et les exemples sont légion : de la spécialiste des haies nigériane Gloria Alozie, devenue espagnole, à la Sierra-Léonaise Eunice Barber, devenue française.
Mais l’exemple le plus célèbre chez les dames est celui de la coureuse aux pieds nus Zola Budd, qui avait pris en 1984 la nationalité britannique, sous le prétexte que son grand-père venait d’Angleterre, et avait pu vivre son sport hors d’Afrique du Sud, alors au ban des nations olympiques pour cause d’apartheid.
Budd est d’ailleurs retournée en Afrique du Sud après la fin de l’apartheid et a participé aux JO de Barcelone 1992 pour son pays d’origine.
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