JO 2012 : Paris redoute le scénario catastrophe
Publié le dimanche 26 juin 2005 à 11h42min
A onze jours du choix de la ville hôte des JO de 2012, les cinq candidates se persuadent toutes qu’elles vont gagner. A commencer par la capitale française, qui est en pole position comme les valaisans il y a six ans, avec l’issue que l’on connaît.
Le 6 juillet prochain, à Singapour, les 116 membres du comité international olympique désigneront la ville hôte des jeux d’été de 2012. Une bataille qui met aux prises cinq métropoles, dont une ( Paris ) a les faveurs de la côte. Ce qui n’est pas toujours un bon présage.
Meilleur dossier technique, enthousiasme populaire sans précédent, soutien politique à l’échelle nationale : cela ne vous rappelle rien ? Avec autant d’atouts dans sa manche, Paris pourrait déjà songer à préparer les jeux de 2012 si l’aventure olympique était une compétition normale. Mais, depuis l’échec surprise de Sion 2006 et la fin théorique du lobbying classique, même les bookmakers les plus audacieux n’osent plus avancer de pronostics.
Quel que soit le résultat du 6 juillet à Singapour, Paris aura pourtant proposé un dossier d’une qualité et d’une faisabilité rarement atteintes. Les infrastructures majeures sont prêtes, le chantier du village olympique des Batignolles n’attend que le verdict pour démarrer. Le pays, d’ordinaire si divisé, fait cause commune pour obtenir les faveurs des « cardinaux du sport » qui auront à choisir entre la Ville Lumière, Madrid, New York, Moscou et Londres. Cinq poids lourds sur la scène sportive et internationale, mais qui ont chacun avoué leurs faiblesses à un moment de la compétition. Tous, sauf Paris, élève modèle et porteur d’un projet simple mais efficace, qui s’appuie sur la réussite d’événements récents comme la coupe du monde ou les mondiaux d’athlétisme de l’an dernier. « Je n’ai jamais vu une aventure pareille en France, s’enthousiasme Philippe Baudillon, le président du comité de candidature. Au marché, dans la rue, tout le monde a un autocollant ou une banderole alors qu’on nous dépeint comme des gens qui ont de la peine à se bouger ».
Tractations loin des vestiaires
Reste que la victoire ne se joue pas sur le terrain intérieur ( surtout pas maintenant ) mais dans des salons tenus à l’écart de la sueur des vestiaires, là où Sion avait perdu la compétition à Séoul. « A pareille époque, on était les meilleurs du monde et on a perdu », se souvient Jean-Pierre Seppey, cheville ouvrière de la candidature valaisanne, aujourd’hui directeur général de l’influente fédération internationale de volleyball. « Il ne faut pas oublier que les membres votent à bulletins secrets et que les aspects relationnels et amicaux jouent encore un rôle énorme. Toutefois, Paris n’a pas fait les mêmes erreurs que nous en continuant à se profiler et à attirer sportifs et dirigeants pendant des mois. A mon avis, les français sont les plus mûrs pour organiser les jeux en fonction de ce qu’ils ont mis sur pied ces dernières années ».
Le sprint de Sebastian Coe
Qu’ils défendent New York, Madrid ou Paris, les champions souriants des spots publicitaires ont laissé leur place aux diplomates de métier et à toutes sortes d’individus plus ou moins fréquentables pour le sprint final. Un exercice qui a longtemps réussi à l’ancienne star du demi-fond Sebastian Coe, l’athlète devenu politicien qui rêve de mener Londres à la victoire. « Paris joue un peu trop la carte de l’humilité alors que les anglais sont agressifs, toujours au bord de la ligne jaune, note un fidèle du mouvement. Quand vous partez de loin, vous êtes toujours plus en vue au moment du verdict et il faudra se méfier d’eux jusqu’au bout ».
Les adversaires passés au crible
– Londres
Concept
Un gigantesque parc olympique à créer dans l’Est londonien, en plus de deux noyaux de sites (Tamise et centre de la ville).
Budget 15,8 milliards de dollars
La phrase qui tue du CIO : « L’ampleur du projet exigerait une planification rigoureuse pour assurer la réalisation, dans les temps, de toutes les installations ».
Forces
Des moyens très importants, des sites prestigieux, le président Sebastian Coe.
Faiblesses
Le déplacement houleux d’entreprises situées dans la zone olympique, les transports.
– Moscou
Concept
S’inspirant de l’héritage laissé par les jeux de 1980, le village olympique et les principaux sites s’articulent autour de la Moskova, la rivière qui traverse le centre de Moscou.
Budget 10 milliards de dollars
La phrase qui tue du CIO : « La planification insuffisamment détaillée et le manque d’informations de base ont rendu difficile l’évaluation du projet ».
Forces
Un projet original le long de la rivière, beaucoup de stades existent déjà.
Faiblesses
Installations sportives dégradées, hébergement insuffisant, mauvaise image.
– New-York
Concept
New York propose une édition des jeux essentiellement concentrée à l’intérieur de la ville, sur le modèle du X olympique, soit deux grands axes reliés par l’eau et le rail.
Budget 7,6 milliards de dollars
La phrase qui tue du CIO : « Conséquence du concept à l’intérieur d’une ville, de hauts bâtiments sont proposés pour le village olympique... »
Forces
La puissance financière, les réseaux d’influence, les partenaires économiques du CIO.
Faiblesses
La gabegie autour du stade olympique, le désintérêt pour les sports non américains, l’image actuelle des Etats-Unis.
– Madrid
Concept
Sportivement, le projet repose sur trois principaux noyaux (est, central et ouest), situés dans la ville. Madrid propose 35 sites de compétition au total, dont 24 existent déjà.
Budget 1,6 milliard de dollars
La phrase qui tue du CIO : « Bien que faible en ce qui concerne la technologie et les transports, le budget semble réalisable ».
Forces
L’infrastructure déjà en place, la ferveur des espagnols, le soutien de Samaranch père.
Faiblesses
La proximité avec les jeux de Barcelone en 1992, trop de sites, le plus petit budget.
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