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JO : El Guerrouj enfin roi


Publié le mercredi 25 août 2004 à 11h35min

Récompensé de tous ses sacrifices et de son extraordinaire domination sur le demi-fond, Hicham El-Guerrouj est enfin devenu mardi, à Athènes, champion olympique du 1500 mètres. Au terme d’un mano à mano de légende avec le kényan Bernard Lagat, le marocain, huit ans après le drame d’Atlanta et quatre après sa désillusion de Sydney, a trouvé les ressources pour ajouter enfin à son extraordinaire palmarès la seule couronne qui lui faisait défaut. Un pur moment de grâce.





Encore des larmes. Mais cette fois, Hicham pleure de bonheur. Celui d’une quête enfin récompensée après tant et tant de désillusions. El-Guerrouj est champion olympique et plus qu’une nation marocaine en liesse, c’est le monde entier qui s’émerveille devant la consécration d’un champion d’exception. L’une des plus grandes erreurs de l’athlétisme moderne vient d’être corrigée.

Dans les bras l’un de l’autre, Hicham et Bernard Lagat, celui-là même que le marocain vient de coiffer au terme d’un sprint renversant, communient dans la même conception de la vie et du sport. Merveilleux adversaires durant un peu plus de trois minutes, les voilà réunis dans la même amitié et le même respect de l’autre.

Lagat : "J’aurais voulu pousser Hicham"

Lagat, dauphin à la hauteur de son roi, dont l’attitude et les paroles, quelques minutes à peine après la course, donnaient le frisson : "cette médaille d’argent me comble autant que le fait que l’or revienne à Hicham. A la fin de la course, j’avais presque envie de le pousser pour qu’il aille chercher cette médaille d’or."
Alors qu’il vient de sécher les larmes de bonheur de son vainqueur, le kényan affiche son sourire et cette plénitude d’avoir eu le privilège quelques instants plus tôt de prendre part à une course tout bonnement magique.

Et sans doute fallait-il, sans qu’il soit fait injure à Noureddine Morceli (titré en 1996) ou Noah Ngeny (sacré en 2000), tous deux fossoyeurs des rêves olympiques d’El-Guerrouj, un champion de la dimension et de la classe de Lagat pour que s’inverse enfin le destin olympique du marocain.
El-Guerrouj, roi du demi-fond intouchable depuis près de sept ans, battu seulement à quatre reprises sur 1500 mètres depuis 1996 dont deux... aux jeux. Mardi, sur cette piste athénienne qui l’avait vu débuter il y a justement sept ans, Hicham a enfin su dépasser ses deux cauchemars olympiques et vaincre la fatalité. La chute d’Atlanta en 1996 et le sprint éperdu de Sydney en 2000 n’avaient pas de prise sur lui.

Pourtant, en une troublante similitude avec le scénario d’il y a quatre ans à Sydney où Ngeny l’avait réglé sur la ligne, ce 1500 mètres semblait à nouveau devoir échapper au marocain. A voir Lagat s’accrocher à la foulée de son rival pourtant passé à l’attaque à l’entame du dernier tour, la cote du marocain plongeait dangereusement.
Pourtant quel emballage ! Avec un temps de passage sur le dernier 400 mètres de 51’’91 et d’1’18 sur les derniers 500 mètres, El-Guerrouj avait su et avait dû prendre ses responsabilités et ce, dès les 800 mètres. Cette fois, et contrairement à ses grands rendez-vous, il n’avait pu bénéficier de l’appui d’un compatriote prêt à se sacrifier pour la cause nationale d’un titre pour le grand Hicham. L’autre marocain de cette finale, Kaouch, avait ainsi préféré jouer sa carte personnelle.

Sirtaki et coup de fil de Mohammed VI

A la différence d’un Bernard Lagat soutenu par deux de ses coéquipiers et en mesure de mener le train jusqu’aux 800 mètres et à l’attaque d’El-Guerrouj. Au sortir du dernier virage, ce 1500 mètres olymique ne se résumait plus qu’à un match haletant entre deux hommes amis dans la vie. Celui qu’El-Guerrouj invite dans sa propre maison guette alors la défaillance de son meilleur ennemi, prêt à bondir dans cette ligne droite interminable. Une allure qui faiblit et l’on croit Lagat parti vers le sacre. Il n’en est rien. El-Guerrouj possède cette fois ce second souffle qui le porte vers ce moment de grâce absolue. Pour douze petits centièmes (3’34’’18 contre 3’34’’30), El-Guerrouj se couvre d’or olympique et donne à ces jeux leur premier grand frisson.

Des larmes d’une joie intense aux quelques pas de sirtaki qu’il improvise face au public grec, à peine entrecoupés par un appel direct sur la piste du roi Mohammed VI en personne, Hicham, le réservé, laisse éclater son bonheur accompli à la face du monde : "Il y a quatre ans, j’étais en pleurs dans la salle de conférence de presse de Sydney. Aujourd’hui, je suis devant vous et j’ai des larmes de bonheur, des larmes d’un enfant de 4 ou 5 ans. J’ai attendu 8 ans depuis Atlanta. Je crois qu’on peut dire que je mérite ce titre."
Oui, Hicham, tu l’as bien mérité.

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