L’athlétisme britannique inquiète en vue des JO 2012

La médaille d’or de Paula Radcliffe sur marathon et de bronze du relais 4x400 m dames dimanche ont évité aux britanniques la déconvenue totale : faire pire qu’aux mondiaux 2001 à Edmonton (Canada), d’où ils étaient repartis avec deux médailles seulement. Le relais 4x100 m messieurs avait apporté samedi la troisième et dernière médaille, en bronze, qui place la Grande-Bretagne en 16 ème position au classement final. Lors des premiers mondiaux de l’histoire, en 1983, les britanniques avaient glané sept médailles, dont deux en or.

Le déclin d’un pays qui a produit quelques grands noms de l’athlétisme (Sebastian Coe, Steve Ovett, Steve Cram, Linford Christie, Colin Jackson, Jonathan Edwards) ne date cependant pas d’hier. L’an passé, aux jeux olympiques d’Athènes, l’éclatant doublé sur 800 m et 1500 m de Kelly Holmes, absente cette année en Finlande, et le succès inattendu des sprinteurs sur 4x100 m, n’avait servi qu’à masquer des carences plus profondes.

Confort

Avant même la fin des mondiaux, Dave Collins, directeur de la performance à la fédération britannique (UK athletics), qui a pris ses fonctions en mars, n’a pas mâché ses mots, dénonçant le trop grand confort de certains athlètes financés par le biais de la loterie nationale.
"Il y a des membres expérimentés et un certain nombre de personnes dans l’équipe dont l’attitude et l’engagement peuvent être mis en cause", a-t-il déclaré, avant de menacer : "J’arrêterai leur financement si nécessaire".

Au rang des cibles désignées se trouve Mark Lewis-Francis, le champion du monde junior du 100 m en 2000, devenu un symbole des dysfonctionnements du système. Contrôlé positif au cannabis aux championnats d’Europe en mars 2005, il est chaque année moins rapide. A Edmonton, à 18 ans, il avait couru en moins de 10 secondes. A Helsinki, il a été éliminé en quarts de finale avec un temps de 10 sec 53/100 ème.
Mais le problème de fond dépasse le cadre des cas individuels. Pour nombre de connaisseurs, la Grande-Bretagne a perdu son savoir-faire en matière d’entraînement.

Dégradation

"Je ne suis pas sûr qu’il y ait assez d’entraîneurs dans le système capables d’amener nos jeunes talents parmi les cinq meilleurs mondiaux", a admis Sebastian Coe, le président du comité de candidature de Londres à l’organisation des JO-2012.
"Ce n’est pas facile et ça demande des moyens mais je pense que nous avons perdu une grande partie des compétences que nous avions en matière d’entraînement il y a 20 ans, a jugé le double champion olympique du 1500 m (1980, 1984). Peut-être en sommes-nous au point où nous devons aller chercher les meilleurs entraîneurs là où ils sont (à l’étranger)".

La Grande-Bretagne paie aussi le prix de la dégradation de l’enseignement du sport dans le système scolaire. Lors des deux ou trois dernières décennies, le nombre d’heures accordé à l’éducation physique à l’école n’a cessé de décroître. En même temps, les infrastructures faisaient de plus en plus défaut, pour cause de sous-financement. Il y a de cela trois ans, le gouvernement a reconnu la gravité de la situation et lancé une stratégie à long terme, avec un investissement de 1,5 milliard de livres (2,18 milliards d’euros) d’ici 2008, pour favoriser le développement du sport à l’école, et les liens entre celle-ci et les clubs sportifs.
Mais l’objectif que chaque enfant effectue deux heures d’éducation physique par semaine en 2010 paraît modeste et tardif. Trop sans doute pour inverser la tendance avant 2012.