Le marathon du cognac se bonifie en prenant de la bouteille

Sillonner les vignobles, emprunter le parquet en chêne d’une distillerie, courir au milieu de barriques reconverties en instruments de percussion dans un chai de vieillissement, jouir des douceurs locales au gré des ravitaillements gastronomiques postés ça et là. Le tout sur 10, 21 ou plus de 42 km.

Telle est la philosophie du Marathon du cognac qui s’exhale au rythme des foulées des coureurs depuis neuf ans. Demain, record battu, ils seront près de 2500 à avaler les kilomètres entre Jarnac, Chassors, Saint-Brice, Bourg Charente, Segonzac et la ville natale de François Mitterrand.

Pour les plus ambitieux, le tracé servira de mise en bouche avant le réputé et très prisé Marathon de La Rochelle fin novembre. 7000 concurrents, 1,5 M € de budget. Un autre monde au regard des 180000 € déboursés par les Charentais.

Chez nous, les gels sont des entrecôtes !

« Pour nous, les courses sont surtout un prétexte pour présenter notre patrimoine, exposent Olivier Joly et Bernard Brie, deux des têtes pensantes de la manifestation, sur un coin « de tonneau » de « L’Alambic ». Le sport est un superbe vecteur de communication pour faire découvrir notre région. On s’en sert comme d’un dépliant touristique pour brasser un large public. Des pointures aux anonymes en passant par les enfants ». Un credo que Bernard Brie résume ainsi : « Quand on me demande si on distribue des gels dans les derniers kilomètres, je réponds que chez nous, les gels sont des entrecôtes ! »

Amateur dans l’esprit comme en témoignent le lot habituel de concurrents déguisés et l’absence de primes remises aux coureurs, le Marathon du cognac nourrit au fil des ans son côté décalé, gage de son succès. « Le parcours est loin d’être insurmontable et derrière chaque côte, il y a une descente », plaisante Bernard Brie. « Nos difficultés ne sont pas traditionnelles. Ce sont les coins et les recoins des chais, la diversité des revêtements et le changement des allures qui font le sel de l’épreuve. Les athlètes ne viennent pas chez nous pour réaliser un chrono », embraie Olivier Joly.

Le record va tomber

Mais malgré les apparences, l’aspect sportif est loin d’être relégué derrière les vignes et les fûts de chêne. « Cette année, le record du Marathon établi par Pascal Fétizon (2h29’), en 2005, va tomber, annonce Olivier Joly. Vincent Peigné, vainqueur en 2007, s’est préparé spécialement et espère bien repartir avec son poids en produits du terroir (1). J’en fais mon favori ». Si Francis Ingles, lauréat l’an dernier, ne peut défendre son titre à cause d’une blessure, Christophe Lepage (Issy-les-Moulineaux) et Ghislain Ploix (vainqueur en 2006) se posent en prétendants au podium. Jean-François Blaineau, le régional de l’étape, vise, lui aussi, une place d’honneur. Chez les femmes, la Plassacaise Irène Aubrée, qui avait abandonné l’an dernier, fait partie des favorites.

Sur le semi, l’absence du dernier vainqueur Thierry Guibault (inscrit sur les 10 km) laisse la porte ouverte. Emmanuel Prioux (G2A) s’y engouffrerait bien. Chez les femmes, Stéphanie Briand et Patricia Dore pourraient l’imiter. Quant à la marraine, Laurence Klein, qui a terminé 50 ème du marathon des Mondiaux de Berlin et 1ère Française de celui de Paris, elle a choisi de s’aligner sur les 10 km d’une édition qui fera peau neuve l’an prochain. « Les parcours vont radicalement changer de visage », lâche Olivier Joly, sans en dire davantage. Tout juste promet-il de « l’étonnement ». Comme si les tracés actuels en manquaient.

(1) C’est la récompense promise au tombeur de l’ancien record.

* Article publié par Julien Renon

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