Marathon de Metz : Doublé éthiopien

Une incongruité en plein cœur de Metz tout entier livré aux piétons : une voiture a été vue rue des Clercs, hier, vers 10h40. Alors que s’ébrouait le cortège des coureurs du dimanche partis pour couvrir un tout petit peu plus de quarante-deux kilomètres en un tout petit peu moins de quatre heures, rappelant l’afflux des samedis après-midi en cette artère tellement commerçante qu’elle en devient sans vie au septième jour de la semaine, le véhicule en question transportait Samir Baala, frère de, meneur d’allure présentement embauché pour lancer les quinze premiers kilomètres du marathon de Metz.

L’Alsacien venait d’accomplir sa mission, achevée dans le quartier de Queuleu, au retour du centre Pompidou et du parc de la Seille, découvrant par la même occasion le joli tracé d’une jeune épreuve de deux ans. « Un parcours dur, avec beaucoup de relances », selon la description de l’ancien double champion de France de la spécialité (2002 et 2008) qui, ramené place de la République, a vu juste : « J’ai essayé de pondérer un peu un des deux Ethiopiens, il me semblait très excité. Je ne serais pas surpris qu’il finisse par le payer… »

Et, en effet, Admasu Mesfin a placé trop d’attaques imprudentes pour s’éviter de subir la loi de son compatriote Hailu Gela, dans le final, et lui céder six secondes à l’arrivée. Le favori n’a pas gagné : seul coureur crédité d’un record personnel à moins de 2h10’, Mesfin, 26 ans, a fini par laisser filer son jeune cadet de deux ans qui, dans les portions les plus rudes du tracé messin, s’était bien gardé de proposer des relais très appuyés. Comme en 2010, le scénario s’est avéré ficelé après quelques kilomètres : aux aurores, place de la Comédie, un véritable gouffre séparait déjà les hommes de tête du reste du peloton : Samir Baala imprimait le rythme, comme de juste, Mesfin, Gela mais aussi le Kenyan Jonathan Kibet dans sa foulée.

Participation en baisse

A mi-course, Kibet et Mesfin ont associé leurs efforts pour répondre à la seule accélération dominicale du futur vainqueur, mais l’opération a été assez immédiatement fatale au Kenyan et, on l’apprendra plus tard, elle a contribué à entamer les réserves de Mesfin. Kibet a si sérieusement accusé le coup qu’un autre Kenyan est venu lui chiper la troisième place, Stéphen Chekpopol se chargeant ainsi d’assurer la permanence du Kenya sur le podium messin, un an après le triomphe de Jacob Kitur place d’Armes.

Place de la République cette fois, sous un soleil roboratif, Hailu Gela n’a pas seulement succédé à Kitur : il a effacé son temps, passant sous les 2h16’ (2h15’58" contre 2h16’32" l’an dernier). Et derrière les Africains ? Un long tunnel, de nouveau. Premier Français, l’Alsacien Philippe Weber a rallié la place de la République plus de vingt minutes après le vainqueur. A trop se reproduire, cette constance des deux courses en une risque d’émousser l’attrait pour un événement qui a déjà concerné près de 300 partants de moins par rapport à la première édition.

Un marathon commence comme une consultation électorale : avec un œil sur la participation. Elle est en baisse. Là-dessus, en début d’après-midi, il fallait convaincre les habitants de l’agglomération respectant une vie normale d’un dimanche ordinaire qu’il leur fallait surtout faire du surplace en attendant que leurs semblables engagés sur le marathon viennent à bout de leur défi, souvent en marchant, alors qu’ils auraient pu tranquillement effectuer leur footing au plan d’eau. Une heure pour se rendre de Metz à Montigny, un dimanche, c’est une autre forme d’exploit !

* Article publié par Sylvain Villaume