Marathon de Metz : Succès du Kényan Jacob Kitur
Publié le lundi 18 octobre 2010 à 20h35min
Franc succès populaire pour le premier marathon de Metz, marqué par deux courses très distinctes entre l’élite et la masse. Dans le froid, le Kenyan Jacob Kitur a usé tous ses rivaux pour s’imposer en 2h16’32".
Voilà un scénario prévisible, autrement dit couru, annoncé avec tambours, trompettes, et autres instruments de l’orchestre installé hier place de la Comédie. Au neuvième kilomètre du marathon de Metz, face au plus vieux théâtre du monde connu, la répartition des rôles était déjà arrêtée, dans l’aube fraîche qui annonce l’imminence de l’hiver : eux devant, les autres derrière, loin derrière. Eux, ce sont sept athlètes kenyans plus un Éthiopien calquant leurs pas sur les pas de leur pair désigné meneur d’allure. Les autres ? Lorrains pour la plupart, honnêtes coureurs régionaux, tenus d’emblée à distance très respectable du peloton de tête cent pour cent africain. Et, en effet, au bout d’une visite complète de Metz menée à un peu plus de dix-huit kilomètres heure de moyenne, le Kenyan Jacob Kitur est arrivé le premier sous les fenêtres de l’Hôtel de ville, avec six secondes d’avance sur l’Ethiopien Tafa Megersa.
A trente-six ans, Jacob Kitur était le plus âgé de la délégation africaine dépêchée à Metz, ou le moins jeune, c’est selon. Il n’est pas inexact de préciser qu’il s’est imposé au métier, imprimant son rythme à la course, une fois accompli le travail d’éclaireur (de lièvre, plus précisément) de Joseph Kamau. Tour à tour, William Rotich (au point d’abandonner), Micah Rotich, Josphat Yego, Stanley Rono et Felix Kimutai ont dû s’avouer vaincus, inaptes à garder le sillage de leur compatriote, et moins à l’aise que lui pour s’adapter à la rudesse du climat lorrain, alors que tous avaient spécialement quitté leur Kenya natal pour venir améliorer leur ordinaire à Metz. « Chez nous, signalera Kitur, il fait actuellement entre vingt et vingt-cinq degrés, quinze ou vingt de plus qu’ici au départ ! »
2h16’32"
Pour finir, il n’en restait qu’un, dans la foulée de Jacob Kitur, le Kenyan qui dure : en l’espèce, l’Ethiopien Tafa Megersa, devenu le favori de Bouabdellah Tahri, contraint de reconnaître s’être trompé après avoir longtemps accordé la faveur de ses pronostics à Stanley Rono. Il est vrai que le style économique de Megersa, très éloigné de celui de Kitur, pouvait plaider pour lui. Mais Tahri s’exprime finalement mieux sur la piste qu’en art divinatoire : l’explication finale s’est déroulée dans les rues commerçantes de Metz, attaque de Megersa rue des Clercs, contre-attaque de Kitur rue Serpenoise, car eux accélèrent le dimanche matin comme le commun des mortels accomplit ses emplettes le samedi après-midi.
Le temps du premier vainqueur de la deuxième vie du marathon à Metz tend à démontrer que personne n’y viendra pour améliorer ses références chronométriques : 2 heures, 16 minutes et 32 secondes. « Un parcours de fou, résumera Benjamin Soreau, le manager des athlètes africains, avec des relances incessantes, beaucoup de faux plats, et très peu de parties plates ou alors, vent de face ! Je vous l’assure, ces gars-là devaient courir en moins de 2h12’, vraiment ! » Jacob Kitur s’est tout de même payé le luxe d’un arrêt pipi en début de course, puis d’un autre (sans arrêt) au trentième kilomètre, une manière de marquer son territoire !
Il y avait donc deux courses très distinctes, hier à Metz, et ce qui s’est passé avec les messieurs s’est reproduit en plus flagrant chez les femmes, où l’Ethiopienne Makda Hussein s’est imposée en 2h49’, précédant ainsi de près de vingt minutes sa première dauphine (la vétérane messine Marion Matwijiw). Là, on ne parle plus de deux mondes d’écart, plutôt de deux planètes opposées.
* Article publié par Sylvain Villaume
Voir en ligne : Le Républicain Lorrain
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