Mélina Robert-Michon : « Ma blessure a eu un côté positif »

Mélina, trois compétitions et, à chaque fois, des jets au-delà des 61 m. C’est ce qui s’appelle un début de saison réussi...

Effectivement, c’est très satisfaisant. Je n’avais pas lancé à plus de 63 m depuis 2004. Et, surtout, je crois que je n’avais jamais réalisé une telle série. Ca m’ouvre des perspectives intéressantes. Car pour entrer dans "les douze" lors des grands championnats, il faut être régulière à 61 m. Je savais depuis mon stage en Afrique du Sud en janvier ce que je valais. J’y avais réalisé de très bonnes séances. Mais je ne m’étais pas fixée d’objectifs métriques pour cet hiver. Je voulais seulement me faire plaisir.

Surtout que vous restiez sur deux années très difficiles...

Je me suis blessée au dos en 2005. Une hernie discale. Ca a gâché toute ma saison plus une grande partie de l’année 2006. Ca a été très long et dur à vivre, surtout au début. Car j’ai voulu aller jusqu’aux championnats de France. Je devais gérer au jour le jour la douleur. Puis, j’ai coupé complètement pendant six mois avec les lancers. C’est à ce moment-là que j’ai le plus souffert physiquement.

Vous avez tout de même pu vous entretenir pendant cette longue coupure ?

J’ai fait beaucoup de renforcement musculaire, de la musculation du haut et du bas du corps. J’ai mis l’accent sur mes zones les plus faibles. Ca m’a permis de tout rééquilibrer. Avec mon coach, nous avons aussi choisi de tout remettre à plat.

C’est-à-dire ?

Nous avons décidé de repartir sur de nouvelles bases techniques, de tout changer. En m’arrêtant six mois, j’avais beaucoup moins de repères au moment de lancer. Il était donc plus facile d’effectuer des changements. De plus, quand on se blesse, il est difficile de refaire confiance à son corps. On est un peu juste, on a de l’appréhension. Et là, je n’ai pas pu comparer mes sensations à celles que je ressentais avant ma blessure. Pareil pour les performances. Ca m’a donc aidé à revenir plus vite.

Qu’avez-vous modifié sur le plan technique ?

Un lanceur a toujours des défauts. Son geste n’est jamais réellement parfait. J’ai modifié mon départ, je pars un peu plus droite et j’évite d’avoir les épaules en avant. C’est un ensemble de petites choses qui, mises bout à bout, ont entraîné de gros changements. J’aime me dire que ma blessure a eu un côté positif. Elle m’a poussé à me remettre en question, ça a été plus facile d’avancer.

Quelle est la suite de votre saison ?

Je pars dimanche en stage national à Aix-les-Bains, pour une semaine. Je remarque d’ailleurs que pas mal de stages ont été organisés cette année pour les lanceurs. C’est intéressant pour nous. Il y a un petit groupe qui bosse bien, avec une bonne ambiance de travail. En mai, je pense peut-être participer à quelques meetings en Allemagne. J’ai besoin de rencontrer des lanceuses étrangères, de me frotter au plus haut niveau mondial pour progresser. Ainsi, j’appréhenderai mieux les grands championnats.

Justement, quels objectifs vous êtes-vous fixée pour cet été ?

Lors de la coupe d’Europe, je termine deuxième. Et je mets derrière moi pas mal de filles très fortes, qui sont déjà montées sur des podiums européens. J’aimerais donc au moins accrocher une place de finaliste à Osaka.