Oranges pressés sur l’Humarathon
Publié le mardi 15 avril 2008 à 11h59min
Succès pour la course ce week-end : 2500 coureurs au total et, sur semi-marathon, une domination kenyane mâtinée de sauce hollandaise.
L’Humarathon a carburé aux « oranges pressés » avant-hier dans les rues d’Ivry-sur-Seine et de Vitry-sur-Seine. Manière de dire que, si la victoire sur le semi-marathon international fut, comme souvent, kenyane, chez les hommes comme chez les femmes, elle était cette fois mâtinée d’une tonalité orangée, bref d’une sauce hollandaise. Vous nous direz : quel rapport entre les hommes des hauts plateaux et l’autre « plat pays » ? Un manager batave aux cheveux ras qui fait presque deux fois la stature de ses « poulains ». Patron d’une entreprise de climatisation et manager d’athlètes à ses heures perdues, Eeliwe Van der Meulen a épousé la cause kenyane au sens propre comme au figuré, puisqu’il est depuis deux ans le mari de Christine Chepkonga, deuxième hier (1h10’51") du semi-marathon féminin derrière une autre Kenyane, Jane Kipto (1h10’40"). Et chez les hommes, c’est son compatriote Sammy Kiprop Kitwara, 21 ans, managé par le même Van der Meulen, qui s’impose en 1h01’14", cinq secondes devant l’Ougandais Nicholas Kiprono. Alors, à l’arrivée, quand ses troupes surgissent aux avant-postes du podium, le manager batave peut se frotter les mains : « C’est d’autant plus beau que Sammy courait ici son premier semi-marathon. On ne pouvait pas rêver meilleurs débuts. Au moins, on n’a pas fait le déplacement des Pays-Bas pour rien ! »
Mais tout cela tient aussi à rien puisque la course masculine s’est courue sur des bases très élevées, avec huit coureurs en moins de 1h02’. Habitué de l’Humarathon et 10 ème hier, le Kenyan Jairus Chanchima pouvait souffler et pester : « Cette année, c’était rapide, très rapide, trop pour moi ». Pas assez cependant pour taquiner le record de l’épreuve, toujours détenu depuis 1996 par un autre Kenyan, Paul Koech (1h00’31"). En tout cas trop véloce pour le Français Tarik Bouzid, longtemps accroché aux basques de la meute africaine, avant de jeter l’éponge. Au dixième kilomètre, il met la flèche devant la mairie de Vitry et abandonne en gardant le sourire : « J’ai senti une douleur au mollet monter, je n’avais pas envie qu’elle arrive jusqu’à la tête ! » Pendant ce temps-là, à l’arrière du peloton, on souffre et on annonce l’ancien maire de Saint-Denis, Patrick Braouezec, qui tombe le maillot sous le soleil retrouvé.
Pour ceux qui n’en peuvent plus, les accords énergiques des Ass Mythic sont à peine suffisants pour se rebooster dans la longue ligne droite de Vitry-sur-Seine. Pourtant, ce groupe de musiciens est spécialisé dans le « sauvetage » d’athlètes en perdition : « On a l’habitude, explique Angèle, on fait aussi l’animation sur le marathon et le semi-marathon de Paris ». Seulement quand la musique est bonne, la souffrance sonne… Voilà, ça fait déjà longtemps que les Kenyans ont passé la ligne et les derniers continuent d’arriver. À mesure qu’on descend vers le fond du peloton, les silhouettes s’épaississent. Mais, premiers ou derniers, ils ont les mêmes gestes que les vainqueurs : embrassades, rictus de douleur, poings levés de contentement. On est tous pareils lorsqu’on court. Les champions africains le prouvent en clôturant ce week-end de course aux côtés des enfants dans la cavalcade finale, quelques mètres tous ensemble au profit du Secours populaire, drapeaux du monde entier levés bien haut.
Pendant ce temps-là, un couple passe la ligne main dans la main. Monsieur n’oublie pas que l’Humarathon était placé sous le signe de la femme. Il claque les fesses de Madame et lui dit : « C’était bien… »
Voir en ligne : L’humanité
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