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Albert Corey, ce marathonien français aux médailles américaines


Publié le mercredi 7 avril 2021 à 00h07min

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Fils de vignerons bourguignons, Albert Corey a été faussement déclaré américain quand il a remporté l’argent aux Jeux olympiques de 1904, à Saint-Louis (Missouri). 117 ans après, un conseiller municipal de son village natal fait réparer l’injustice.




Sur la photo usée, aux noirs et blancs délavés, il fait vraiment amateur dans son "Marcel" trop grand, son short fripé et ses chaussures de cuir à lacets. C’est pourtant l’argent que ce fils de vignerons sans le sou décrochera au marathon des Jeux de 1904. "Une belle histoire", s’émerveille Clément Genty, ingénieur et historien amateur.

"J’ai appris son existence dans un journal et j’ai fait des recherches", explique le conseiller municipal (sans étiquette) de Meursault (Côte d’Or), où Albert Corey naît en 1878.

Cette même année, le phylloxera ravage la vigne de ce petit village, qui n’est pas encore une prestigieuse appellation. Pour Étienne Corey, vigneron et père d’Albert, c’est l’exode dans la banlieue parisienne.

Pour Albert, ce sera l’armée, où il s’engage en 1896. Corey y découvre une prédisposition pour l’endurance, battant notamment le record des 160 kilomètres en 1899. Le coureur en uniforme devient une vitrine pour l’armée, qui finance ses exploits.

Mais le 2 janvier 1903, il manque à l’appel. On le retrouve un an plus tard briseur de grèves dans les immenses abattoirs de Chicago.

Parallèlement, il tente de percer dans le monde de l’athlétisme. Pas facile avec son anglais plus qu’approximatif et sa dégaine de "clochard", comme dira de lui le Washington Times.

Alors, il y va au culot et, quand il apprend que les JO vont se tenir sur le sol américain, il dit avoir couru le "Marathon de Paris" en 1900. C’est vrai mais il joue sur la confusion avec le marathon olympique de la même année pour faire croire à cette participation beaucoup plus prestigieuse. Le stratagème fonctionne et la Chicago Athletic Association (CAA) l’envoie à Saint-Louis.

La presse s’émeut alors de la "Success Story" de ce "Frenchman", un "employé des abattoirs", devenu la "New Star for Marathon". Corey est, de plus, le seul Français à ces Jeux, trop éloignés et donc trop onéreux.

Le pire marathon
Le 30 août 1904, il s’élance sous une chaleur accablante et avec le handicap d’un seul ravitaillement en eau : les organisateurs ont eu la curieuse idée de vouloir tester les effets de la déshydratation. Plus de la moitié des quelque trente participants abandonneront.

Corey, lui, fanfaronne en achevant les 40 km (la distance de l’épreuve n’avait pas encore été fixée à 42,195 km) : "J’aurais pu faire un tour de plus". Il finit troisième mais le premier est disqualifié : il avait fait une partie du trajet en voiture ...

Le "Frenchman" aurait donc dû porter la première médaille d’argent française, le système de récompense "or-argent-bronze" ayant été inventé lors de ces JO.

"Mais il appartenait à un club américain. Il a donc été considéré comme américain, suivant les règles de l’époque", explique à l’AFP Clément Genty.

Le conseiller municipal ne l’entend pas de cette oreille, d’autant plus que Corey a remporté aux mêmes JO une deuxième médaille d’argent, cette fois en "course internationale en équipe".

Il remue alors ciel et terre, pour enfin réussir : "Mr Corey est le seul participant et médaillé de nationalité française lors de cette édition des Jeux", admet le Centre d’études olympiques du CIO (Comité international olympique) dans une lettre du 25 janvier.

La récompense posthume est d’autant plus méritée que la carrière sportive d’Albert Corey n’ira guère plus loin que les Jeux de 1904 : en 1909, il est percuté par une voiture et ne retrouvera jamais son niveau d’avant.

Il rentre en France à l’été 1910 et reprend une carrière militaire. Il meurt en 1926 à Paris, vraisemblablement de tuberculose.

"C’est une drôle d’histoire", résume son arrière-petit-fils Serge Canaud, 69 ans, encore sous le choc d’avoir appris le passé inconnu de son ancêtre, grâce à un coup de fil de Clément Genty.

"Je suis tombé des nues", dit-il à l’AFP depuis le petit village jurassien de Moirans-en-Montagne où il coule sa retraite. "Jamais dans notre famille, on n’avait parlé de ça, l’Amérique et les Jeux. On n’en savait rien".


Voir en ligne : AFP

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