Chpts de France Elite : Taillepierre s’envole : 17,45 m au triple saut

Depuis plusieurs saisons, les concours de triple saut masculins valent à eux seuls le déplacement aux Championnats de France. Et comme souvent, c’est sur les derniers essais que tout s’est débridé. Alors que la barre des 17 m n’avait pas encore franchie, Karl Taillepierre, déjà en tête du concours, retombait à 17 m pile. Julien Kapek lui répondait aussitôt en améliorant la meilleure marque de sa saison (pour la deuxième fois du concours) : 17,06 m, à 7 petits centimètres seulement des minima pour Helsinki. La réponse de Taillepierre ne se faisait pas attendre. Dernier essai, derniers bonds, qui le voyaient atterrir en même temps dans le sable et à Helsinki : 17,45 m, à 10 cm seulement du record de France de Serge Hélan (17,55 m en 1994). Et quatrième performance mondiale de l’année ! « J’avais tellement envie de battre le record de France (17,55 m, ndlr) que je me suis contracté sur les premiers essais, analysait le champion de France. Mais lorsque Julien (Kapek, ndlr) a sauté 17,06 m, ça m’a boosté. C’est en partie grâce à lui que j’ai réalisé ça, et j’espère qu’il partira aux Mondiaux car il est tout proche des minima. Je savais que je pouvais faire une telle performance, mais j’ai souvent été mal réglé, j’ai souvent mordu... Maintenant, j’y vais à fond, je rentre dedans, comme les étrangers. Et puis, j’ai vu Ladji Doucouré, hier, réaliser son record de France. Ça m’a donné envie de faire une grosse perf sur la piste ! » Cette dernière journée des championnats de France élite à Angers promettait beaucoup, avec pas moins de dix-huit finales au programme. Premiers en lice, comme la plupart du temps, les marcheurs et marcheuses engagés sur le 20 km s’étaient donnés rendez-vous sur la piste pour ne plus en sortir. Leur championnat de France prenait en effet la forme d’un 20 000 m, soit 50 tours de 400 m à couvrir. A ce petit jeu, c’est Christine Guinaudeau qui a su le mieux tourner en rond chez les femmes (1h38’01), et Denis Langlois chez les hommes (1h28’02).

Malgré 49 tours de moins, la finale du 400 m féminin avait également belle allure : la meilleure Française, Solen Désert, y croisait deux des meilleurs spécialistes du 800 m, Laetitia Valdonado et Virginie Fouquet, ces dames étant appelées à suivre la foulée de la championne du monde 2001 de la spécialité, la Sénégalaise Amy Mbacke Thiam. Victoire finale pour l’Africaine en 51’’47, après que Solen Désert, reprise à deux mètres de la ligne, eut mené toute la course. La consolation pour la Brestoise : un record personnel porté à 51’’52. « Je me suis relâchée juste avant la ligne, c’est vraiment une faute de débutante... J’ai dû me dire trop tôt que c’était bon. C’est dommage, car les minima IAAF pour Helsinki sont de 51’’50. J’espère pouvoir courir encore une course pour les réaliser, et que le DTN enverra un 4x400 m aux Championnats du Monde. » Sur le steeple femmes, le titre semblait promis à l’une des deux athlètes ayant déjà réalisé les minima pour Helsinki, Elodie Olivarès et Yamina Bouchaouante. Restait à savoir laquelle. C’est une chute qui allait en décider. Alors que les deux femmes menaient tranquillement le bal en tête, Olivarès, qui avait réalisé les minima trois jours plus tôt seulement, chutait lourdement sur une barrière. Il restait juste 1600 m à parcourir. La Montreuilloise, après avoir hésité et perdu quelques places, repartait au combat. Suffisant pour s’approprier la médaille d’argent, Trop tard, toutefois, pour remporter la course. Olivarès abandonnait donc son titre à Bouchaouante.

Pour le reste ? Naman Keita sur 400 m haies (49’’19), Christine Arron sur 200 m (22’’38), Mehdi Baala sur 1500 (au terme d’une course tactique qu’il a commencé à survoler à 300 m de la ligne sans que personne n’ose l’attaquer), Ronald Pognon (avec un nouveau record personnel en 20’’34 sur 200 m), Manuela Montebrun au marteau (avec une nouvelle grosse performance, 72,01 m) et Mélanie Skotnik (qui s’est attaqué par trois fois, après avoir passé 1,95 m, au record de France à 1,97 m) ont toutes et tous remporté leur épreuve avec suffisamment de manière et de savoir-faire pour se rassurer en vue d’Helsinki. A la perche, Pierre Charles Peuf, Jean Galfione et Charles Andureu dans cet ordre et à 5,60 m, ont été départagés aux essais. Pas de titre, donc, pour Galfione, qui reste toutefois le seul Français (Mesnil restant bloqué à 5,40 m) à avoir réalisé les minima (5,75 m).

En trois jours, l’athlétisme aura réuni 35 000 spectateurs à Angers. Un signe parmi d’autres de la bonne santé de l’athlétisme français en cet été 2005. « Je suis bien entendu heureux du déroulement de ces minima, qui sont allés au-delà de ce qu’on pouvait imaginer, se réjouissait le DTN, Franck Chevallier, après les épreuves. Avec, bien sûr, la performance de Ladji Doucouré en point d’orgue. La date butoir pour réaliser les minima était bel et bien ce week-end, même si certains athlètes aimeraient disposer d’une rallonge. Maintenant, nous allons discuter pour envisager d’emmener en Finlande quelques athlètes très proches des minima, qui ont réalisé ceux de l’IAAF, et qui ont montré qu’ils étaient motivés et compétitifs. Cela peut concerner des gens comme Adrianna Lamalle sur le 100 m haies, Julien Kapek au triple saut ou d’autres encore. » La sélection devrait être rendue officielle la semaine prochaine. Mais quels que soient les contours qu’elle prendra, les athlètes de l’équipe de France ont fait la promesse de très beaux Championnats du Monde à leurs supporters.

– Ils ont dit :

Mehdi Baala, champion de France du 1500 m :
« Je suis satisfait de cette victoire, même si j’aurai aimé que le rythme soit un peu plus rapide. Mais ce rythme lent arrangeait tout le monde. Je ne serai pas favori à Helsinki : pour l’instant, je n’ai que le 4e temps mondial. »

Mélanie Skotnik, championne de France de la hauteur avec 1,95 m :
« Sur les barres à 1,97 m, j’étais mieux à la fin qu’au début. Je suis très contente de ce premier titre en plein air en France. Je ne fais toujours pas de sauts à l’entraînement, mais un peu de tout, des courses, du foncier, de la musculation, et ça me réussit plutôt. Je vais maintenant m’entraîner, puis sauter à Stockholm pour me préparer psychologiquement pour Helsinki : je sais que, là-bas, il y aura toutes les meilleures. »

Naman Keita, champion de France du 400 m haies en 49’’19 :
« Je suis content car j’ai réussi à régler sur cette course mon problème à la dixième haie : auparavant, je piétinais. Là, je suis bien entré dans la 9 et dans la 10. Il me faut maintenant rassembler les pièces du puzzle, et peaufiner tout ça. Mais c’est de bon augure pour la suite. »

Christine Arron, championne de France du 200 m en 22’’38 :
« C’était de bonnes conditions, même s’il faisait chaud. Avec ma blessure cet hiver, j’en ai profité pour faire beaucoup de foncier. J’étais donc prête pour le 200 m. Je suis très contente d’avoir fait deux fois moins de 22’’40 ici. Depuis mon record, depuis 1999, je plafonnais à 22’’60 sur 200 m. Maintenant qu j’ai fait les minima, je compte bien doubler à Helsinki. Et ce sera pour faire quelque chose sur chaque distance. »

Solen Désert, championne de France du 400 m en 51’’52 :
« Mon premier sentiment est d’être soulagée. Je suis contente, je suis championne de France et je bats mon record. Mais je me suis relâchée juste avant la ligne, c’est vraiment une faute de débutante, ce qui fait que je perds la course et que Amy Backe Thiam réalise 51’’47, et moi 51’’52... J’ai dû me dire trop tôt que c’était bon. C’est dommage, car les minima IAAF pour Helsinki sont de 51’’50. J’espère pouvoir courir encore une course pour les réaliser, et que le DTN enverra un 4x400 m aux Championnats du Monde. »

Karl Taillepierre, champion de France du triple saut avec 17,45 m :
« J’avais tellement envie de battre le record de France (17,55 m, ndlr) que je me suis contracté sur les premiers essais. Mais lorsque Julien (Kapek, ndlr) a sauté 17,06 m, ça m’a boosté. C’est en partie grâce à lui que j’ai réalisé ça, et j’espère qu’il partira aux Mondiaux car il est tout proche des minima. Je savais que je pouvais faire une telle performance, mais j’ai souvent été mal réglé, j’ai souvent mordu... Maintenant, j’y vais à fond, je rentre dedans, comme les étrangers. Et puis, j’ai vu Ladji Doucouré, hier, réaliser son record de France. Ça m’a donné envie de faire une grosse perf sur la piste ! Je vais maintenant me reposer, sauter une ou deux fois maximum avant Helsinki pour arriver frais aux Mondiaux. »