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Dopage : Coupables ou victimes ? Le casse-tête de l’hydrochlorothiazide

Publié le jeudi 7 août 2025 à 12h51min

L’hydrochlorothiazide (HCTZ), un diurétique d’usage médical courant, peut fausser les contrôles antidopage. Alors qu’il est strictement interdit par la WADA (World Anti-Doping Agency), des cas récents mettent en lumière l’importance de considérer la contamination involontaire et le principe fondamental de la présomption d’innocence.

Qu’est-ce que l’hydrochlorothiazide (HCTZ) ?
L’hydrochlorothiazide (HCTZ) est un diurétique prescrit pour traiter notamment l’hypertension. Il favorise l’expulsion de l’eau et du sodium par les reins, ce qui a pour effet secondaire de diluer les substances présentes dans l’urine, rendant leur détection plus difficile. C’est précisément pour ces propriétés qu’il est répertorié dans la catégorie S5 (diurétiques et agents masquants) par la WADA (World Anti-Doping Agency), interdit en et hors compétition, même à faible dosage.

Pourquoi est-il interdit ?
La WADA interdit les diurétiques comme l’HCTZ, car ils peuvent être utilisés pour masquer la présence d’autres substances dopantes. Dès 1988, l’HCTZ a intégré la liste des substances interdites pour préserver l’intégrité des contrôles. Il s’agit donc d’éviter tout trompe-l’œil analytique en compétition.

Historique et cas récents
L’un des cas les plus médiatisés dernièrement concerne Ruth Chepngetich, marathonienne kenyane détentrice d’un record du monde (2h 09’ 56", Chicago 2024). En 2025, elle a été provisoirement suspendue après un test montrant la présence de 3 800 ng/mL d’hydrochlorothiazide, un niveau extrêmement élevé comparé au seuil toléré de 20 ng/mL. Une « Notice of Charge » a ensuite été émise tandis qu’elle collaborait à l’enquête. Ces événements illustrent la vigilance accrue des contrôles modernes.

La contamination involontaire : Quand le risque devient réel
Tous les cas positifs ne résultent pas d’un acte délibéré. Les études scientifiques montrent qu’un médicament peut être contaminé ou mal étiqueté. Par exemple, des analyses ont révélé des doses contaminées d’HCTZ dans certains médicaments en vente libre, avec parfois 5 µg par comprimé, suffisants pour déclencher un test positif, sans aucune intention de tricher. Par ailleurs, l’alimentation reste une voie d’exposition documentée, notamment au clenbutérol, utilisé illégalement dans l’élevage dans certains pays, ayant provoqué des AAF (Analytical Adverse Findings) involontaires chez des sportifs ayant consommé de la viande contaminée. Dans ces contextes, des athlètes ont été innocentés après enquête, notamment des nageuses chinoises, un sprinteur américain (Erriyon Knighton), et un lutteur américain victime de viande contaminée  : autant de précédents soulignant la complexité du contrôle antidopage.

Le nombre de cas et les sanctions
D’après les données disponibles, l’HCTZ figure régulièrement parmi les diurétiques les plus détectés dans les contrôles. Entre 2012 et 2019, il représentait près de 28 % des cas d’AAF pour cette classe. La base Anti-Doping Database recense 189 cas liés à des contaminations présumées, avec une majorité d’athlètes issus des États-Unis, du Royaume-Uni et du Brésil. Des sports comme l’équitation, l’athlétisme ou le cyclisme sont particulièrement touchés.

Les conséquences
La règle est claire : l’athlète est responsable de toute substance détectée dans son corps, même s’il peut s’agir d’une ingestion involontaire. Toutefois, pour les substances dites « Specified » comme l’HCTZ, une tolérance est possible si l’athlète prouve qu’il n’est pas en faute, mais la charge de la preuve lui revient. Dans les cas où les scientifiques confirment une contamination involontaire, parfois la sanction est levée par des instances comme le Tribunal d’Arbitrage du Sport (CAS).

Contamination involontaire : Le cas des footballeuses norvégiennes
En Norvège, huit footballeuses ont récemment été contrôlées positives au DMBA, une substance interdite figurant sur la liste de l’Agence mondiale antidopage. Si les premiers soupçons ont porté sur l’alimentation et les compléments alimentaires, l’enquête a finalement révélé un tout autre scénario. C’est Antidoping Norvège qui a découvert la source probable de cette contamination : les granulés de caoutchouc présents dans le gazon artificiel des terrains d’entraînement. En examinant les lieux fréquentés par les joueuses, les enquêteurs ont analysé un échantillon d’eau prélevé sur place. Le liquide contenait des particules de ces granulés, et les tests ont permis d’y retrouver des traces de DMBA.

Cette affaire, révélée par le média norvégien NRK, met en lumière la complexité des contrôles antidopage et les limites de responsabilité des athlètes, parfois pris dans des situations indépendantes de leur volonté. Bien que les huit joueuses semblent désormais innocentées, le verdict officiel n’a pas encore été rendu. Le Comité de jugement du sport norvégien doit encore statuer sur la question de leur culpabilité ou non.

La nuance face à l’accusation
Dans les affaires de dopage, notamment pour l’hydrochlorothiazide, il est vital de ne pas céder aux certitudes. Les erreurs involontaires existent et peuvent peser lourd sur la carrière d’un sportif. La posture des autorités doit être équilibrée, offrant protection et rigueur, tout en respectant la présomption d’innocence. Comme l’illustre le cas de Jelagat Kemboi, récemment provisoirement suspendue après sa victoire au semi-marathon de Gand, chaque nouvelle affaire exige réflexion, investigation et discernement.


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