Doucouré reste cool

C’est à croire qu’il ne connaît pas la pression. A quelques jours seulement du début des championnats du monde d’athlétisme, Ladji Doucouré reste éternellement fidèle à lui-même : décontracté, tranquille, serein. Pourtant, jamais sans doute depuis Marie-José Pérec, un athlète français n’était parti à ce point favori à l’entame d’un grand championnat. Ladji est attendu au tournant par le public tricolore, bien sûr, mais aussi par tous ses adversaires.

De quoi, pour le commun des athlètes, ressentir une certaine pression. "Pas du tout, se défend pourtant le jeune hurdler. La pression, ce sont les médias qui veulent me la mettre." Difficile de faire autrement, face à la progression linéaire mais impressionnante du français : 13"23 en 2003, 13"06 en 2004, et enfin 12"97, record de France, le 15 juillet dernier aux championnats de France, à Angers.

Doucouré : "Mon statut n’a pas changé"

Une performance qui fait entrer Ladji Doucouré dans la dimension très fermée des coureurs de 110 mètres haies sous les 13 secondes, où aucun français n’avait encore sa place. Une performance, surtout, qui confère à Doucouré le statut de numéro un mondial, puisqu’elle est la meilleure de l’année. Et qui fait de lui l’incontestable favori des prochains championnats du monde.
En atteste d’ailleurs la claque infligée à tous ses adversaires lors du meeting d’Oslo le 29 juillet dernier. Ladji Doucouré s’impose dans l’excellent temps de 13’’00, le deuxième de sa carrière. Surtout, il relègue ses rivaux, loin, très loin derrière lui : Joel Brown termine deuxième à 22 centièmes, Terrence Trammell est à 27 centièmes, devant la légende Allen Johnson, certes de retour de blessure, 34 centièmes derrière le français.

Ajoutez à cela les récentes déclarations, à prendre toutefois avec précautions, de Sun Haiping, entraîneur du champion olympique chinois Liu Xiang, qui affirme que son poulain n’a pas les capacités de devenir champion du monde cette année, et vous comprendrez pourquoi le statut de Doucouré a changé pour devenir celui de l’homme à battre. "Mais mon statut n’a pas changé, réfute encore le français. C’est vous qui me voyez comme un petit nouveau. Mais ça fait déjà un moment que je suis sur le circuit. En 2003, je suis sixième mondial, mais comme je flanche aux championnats du monde, personne ne parle de moi. C’est le système qui veut ça. Quand tu ne marches pas dans les grands championnats, même après une bonne saison, personne ne te regarde".

Allen Johnson et les autres...

A Helsinki, pas de problème, tout le monde regardera Ladji, pour le voir gagner. Une victoire qui, malgré la domination du français, n’est pas acquise pour autant. La concurrence sera bel et bien là. "Il y aura Allen Johnson, qui est quand même quadruple champion du monde", rappelle le français, avant de souligner le caractère parfois aléatoire de sa discipline : "Avec les meilleurs, vous pouvez organiser quinze courses, il n’y aura pas une fois le même résultat".

Les séries du 110 mètres haies débutent mercredi 10 août au matin, la finale aura lieu le 12 au soir. D’ici là ? "Je ne sais pas, sourit Ladji Doucouré, affichant son habituelle décontraction. C’est mon entraîneur, Renaud Longuèvre, qui m’accompagnera aux "Mondes" pour la première fois, qui connaît le programme. Mais ça va être tranquille. J’ai couru vendredi, il faut que je récupère. De toute façon, il est trop tard pour faire de grosses séances." Il ne reste donc à Ladji qu’à courir. En toute décontraction...