Driss Maazouzi : « Le plus important, pour moi, c’est le 5000 m »
Publié le mercredi 23 novembre 2005 à 11h16min
Classé deuxième du cross du « Maine Libre », dimanche 20 novembre à Allonnes, Driss Maazouzi a impressionné les observateurs. En grande forme après des pépins physiques à répétition, le champion du monde stéphanois du 1500 m en salle de 2003 a retrouvé ses jambes. Et sa rage de vaincre. Interview...
Racontez-nous le scénario de votre course, sur le parcours de 9,375 mètres très sélectif d’Allonnes, dimanche...
Après avoir passé 45 jours de stage à Ifrane, au Maroc, je me sentais très bien. J’ai effectué ce stage avec un groupe de marathoniens, avec un programme d’environ 160 kilomètres par semaine. Du coup, au départ du cross, j’avais tellement envie de courir que je ne ressentais même pas le stress habituel des débuts de cross. J’attendais simplement que tout le monde parte pour lâcher les chevaux ! Et la course s’est déroulée comme je le pensais. Sauf que j’avais décidé de surveiller le kényan Kemei qui avait déjà gagné plusieurs fois ce cross. Or, ce dernier a un peu piétiné pour finalement terminer cinquième. Mais je le gardais à l’œil.
En fait, quand l’ex-kényan Adam Ismaël est parti au septième kilomètre, dans la partie la plus dure du parcours, je me suis un peu accroché et je l’ai gardé en point de mire, à environ 10 ou 15 mètres devant moi. Mais, dans les montées et les descentes, j’ai alors ressenti une petite douleur à l’ischio droit. Et je me suis dit, dans ma tête : « non, pas de blessure encore ! » Petit à petit, Ismaël a pris de l’avance, dix secondes, à vue de nez ou un peu plus, je ne sais pas. Sur le plat, je ne ressentais plus de douleur. Et, dans la dernière ligne droite qui était justement plane, j’ai réduit mon retard pour terminer à seulement 2 secondes derrière lui !
Regrettez-vous, aujourd’hui, de l’avoir laisser filer ?
Oui, un peu. Mais je ne pense pas avoir réellement accéléré sur la fin. J’ai l’impression qu’Ismaël a surtout craqué. Il a joué la carte du bluff et cette stratégie a fonctionné mais il faut reconnaître qu’il a bien couru.
Comment s’organisera votre saison hivernale ?
Vu ce que j’ai prouvé à Allonnes, au cross du « Maine Libre », j’estime que ma sélection pour les championnats d’Europe de cross est plus ou moins acquise. Mais je dois aussi faire d’autres courses pour gagner ma vie. Je n’ai plus de sponsors privés et il n’est pas toujours évident de joindre les deux bouts dans ces conditions. J’espère donc pouvoir aller aux « Europe ». Ensuite, je vais préparer activement la saison d’hiver en salle.
Si tout se passe bien, j’envisage d’aller en stage au Portugal en janvier et faire, dans la foulée, quelques courses indoor en février, sur 3000 m et 1500 m. Et, si je suis bien sur 1500 m, je ne vais pas cracher dans la soupe : s’il y a les minima à la cloche après quelques meetings, j’aimerais aller aux championnats du monde de Moscou, en mars. Si tout se déroule comme je l’imagine, sans pépins physiques, je pense que je pourrai valoir entre 3’35" et 3’36" sur 1500 m à cette période de l’année. Or, avec ce chrono, on peut envisager de belles choses...
Et les mondiaux de cross-country ?
Très honnêtement, cette compétition n’entre pas dans mes objectifs de préparation. Tous les efforts que je réalise actuellement en cross, je me les impose pour aiguiser mon foncier dans la perspective des championnats d’Europe de cet été. Le plus important, pour moi, c’est le 5000 m des « Europe ». Je dirai même que si je me prépare très correctement, j’aurai accès au podium sans trop de problème. Vu les chronos réalisés sur cette distance aux derniers championnats d’Europe, je pense avoir une place sur le podium dans les jambes.
La victoire s’est jouée en 13’40 (en réalité, en 2002, l’espagnol Alberto Garcia a gagné en 13’38"18, devant le français Sghyr en 13’39"81 et l’ukrainien Lebid en 13’40, ndlr). Vous savez, j’ai clairement une revanche à prendre vis-à-vis de moi-même après mes années de galère. J’ai aussi envie de prouver à tous ceux qui m’ont enterré que je suis encore là, que je peux encore faire de belles choses...
Avec un peu de recul, pensez-vous avoir fait des erreurs ces dernières années ?
Sur les entraînements, non. Sur certains choix tactiques, oui. En 2005, je voulais absolument aller aux mondiaux d’Helsinki. J’avais manqué Paris en 2003 et Athènes en 2004. J’avais envie et besoin de participer à un grand championnat. Mais cette obsession n’était pas un bon choix car, jusqu’en mai 2005, je m’étais occupé de mon père qui était alors à l’hôpital. Je m’entraînais seulement quatre fois par semaine, contre douze ou quatorze séances habituellement.
Avec le recul, je regrette d’avoir tenté la piste cet été-là car je n’étais pas préparé. Pas suffisamment. Je sais que je suis mon propre entraîneur mais j’aurais peut-être aimé que quelqu’un me dise à ce moment-là que j’étais à côté de la plaque, que je faisais fausse route. Mais, bon, je suis un athlète et je vis pour courir. J’avais tellement envie de galoper que j’ai été aveuglé par ma passion. Aujourd’hui, je l’ai compris.
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