Le phénomène trail
Publié le jeudi 29 octobre 2009 à 05h24min
Courir sur des sentiers déserts au pied de pics vertigineux, traverser des ruisseaux, des forêts, apercevoir un coucher ou un lever de soleil au cœur de paysages grandioses… ces images reviennent sans cesse dans la bouche des adeptes de la course dans la nature ou trail quand ils évoquent leur discipline. Plus qu’un phénomène de mode, ce sport connaît en France un essor sans précédent.
On recense désormais 200000 pratiquants dans l’Hexagone et un millier d’épreuves obligées de refuser du monde. On se presse pour souffrir pendant la fameuse Diagonale des fous, traversée de la Réunion (150 km, 8700 m de dénivelé) qui a réuni la semaine dernière près de 2000 aventuriers, ou lors du trail des Templiers (72 km) dimanche dernier, à Nant, dans le Larzac.
Jouer au Rambo du dimanche
Pour le Tour du Mont-Blanc qui s’est couru fin août (166 km, 9400 m de dénivelé), les 2000 inscriptions via Internet ont été closes en neuf minutes. « J’étais scotché devant mon écran et pourtant, je n’ai jamais pu rentrer dans le formulaire », indique Bernard Brassart, un informaticien parisien de 63 ans. « Pour des raisons de sécurité et de préservation de la nature, il faut bien limiter le nombre de participants, explique Jean-Baptiste Protais, 3 ème du Marathon de Paris en 1992, qui entraîne 80 coureurs à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), dont un quart spécifiquement au trail. Personnellement, je ne me vois pas revenir à la course sur route. Le marathon est devenu banal. Quand on fait 160 km, avec une ou deux nuits blanches, il y a une grande fierté. C’est une aventure ». Tous les trails ne sont pas aussi éprouvants. Des épreuves plus courtes, à partir de 25 km, fleurissent un peu partout et connaissent le même succès.
« Les gens veulent du rêve, jouer au Rambo du dimanche, indique Gilles Bertrand, initiateur de cette discipline en France qu’il a importée des Etats-Unis il y a quinze ans et organisateur du trail des Templiers qu’il a créé en 1995. Le chronomètre devient secondaire ». « C’est une course contre soi-même plus que contre quiconque », souligne Christophe Bassons, 35 ans, cycliste professionnel de 1996 à 2001, gagné par le virus comme Laurent Jalabert. « Pour que j’arrête d’en faire, il faudrait qu’on me coupe les deux jambes ou les deux bras », rigole Caroline Caumon, 49 ans, responsable de production dans la publicité, comptant parmi les 25 % de femmes qui y participent. « Pour les longs trails, il faut bien sûr se préparer physiquement et psychologiquement, ajoute Jean-Baptiste Protais. Comme ça dure longtemps, l’alimentation et l’équipement sont très importants ». Le 21 juin, dans le Mercantour (Alpes-Maritimes), deux hommes et une femme d’une cinquantaine d’années ont été retrouvés morts de froid en shorts et baskets à 2300 m d’altitude, alors que la neige s’était mise à tomber. Un risque que personne n’écarte.
* Article publié par Olivier François (avec Jean-Claude Derniaux et Lionel Chami)
Voir en ligne : Le Parisien
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