Marathon des Sables : Une nouvelle décennie d’aventures

Avant de parler de la prochaine édition, revenons tout d’abord sur le bilan des 20 dernières années. Un bilan extrêmement positif que vous étiez sans doute loin d’imaginer au départ de cette aventure ?

Non, c’est sûr. D’ailleurs, lorsque l’on regarde les images du DVD que nous avons réalisé cette année, on reprend l’historique depuis le début, c’est vrai que c’est surprenant de voir que cette épreuve ait pris une telle ampleur sur le plan international. Entre 23 concurrents à la première édition et 777 sur la ligne de départ cette année ! C’est d’ailleurs un hasard et un symbole extraordinaire pour moi, car le numéro 7 c’est le numéro de mon véhicule depuis toujours. On entend souvent pendant le marathon : « véhicule 7 pour PC ! ». Et là, il y avait 777 concurrents le jour où j’ai donné le départ ! Cela ne pouvait être que quelque chose qui ne pouvait que nous porter chance. Nous avons eu, à la fois, une météo exceptionnelle, et puis 36 pays...on a cartonné ! Le nombre de courriels que nous avons reçu sur la course qui était de 26000...on était à 5 heures de télé, on est déjà à 7 heures avec les multi-diffusions, etc...

D’ailleurs, sur le DVD qui a été réalisé cette année, ce qui est une première, avec un making-off, et 20 minutes d’images télé à la fin, des images qui viennent d’un peu partout dans le monde, Japon, Corée, Maroc, France, on essaye de montrer comment les journalistes à l’étranger voient cet événement. On espère que la 21 ème édition va aussi bien se passer ! En tout cas, ça laisse présager d’une très belle édition car on a déjà énormément d’inscrits. Il y a des bureaux à l’étranger qui sont déjà clos. Ils sont pleins non seulement pour 2006 mais quasiment pleins pour 2007. C’est une course qui a pris, c’est vrai, une ampleur extraordinaire. En plus, comme l’a annoncé le Daily Mail et un journaliste d’I-Télé en direct au journal télévisé, le Prince Williams, le futur héritier du trône d’Angleterre, a dit qu’il avait un rêve un peu secret, c’était de participer au Marathon des Sables...Inch’Allah, si on a de la chance, ce serait formidable si le Prince Williams pouvait être parmi les candidats à l’aventure de cette 21 ème édition !

Le Marathon des Sables n’aurait peut-être pas eu un tel engouement sans l’extraordinaire performance des frères Ahansal...

C’est vrai ! D’ailleurs, dans la plaquette de la prochaine édition, je leur rends un hommage car ce sont deux athlètes complètement exceptionnels. Gagner 9 ans de suite ! Alors, ils en veulent 10...dix éditions gagnées par les Ahansal, que ce soit Mohamed ou que ce soit Lahcen, cela couronnera dix années d’aventure et au top niveau, devant les meilleurs mondiaux. Il y a quand même des champions du monde des 100 kilomètres, qu’ils soient américains ou espagnols. Il y a aussi des champions d’Europe. Mais, je me rends compte que les meilleurs deuxième ou troisième sont encore loin derrière les premiers ! Ils font toute la différence ! C’est vrai qu’ils s’entraînent dans la région mais quand même...

Nous avons eu la chance de les inviter à New York grâce à notre bureau espagnol et je crois que Lahcen, pour sa première participation, est arrivé 36 ème sur 30000 candidats ! Je trouve que ces deux enfants de Zagora, comme j’aime les appeler, ont mûri. Ils ont une vraie expérience. Ce serait formidable qu’ils soient de vrais athlètes reconnus, déjà par leur fédération. Ils ont des projets ambitieux pour leur région. Ils ont créé le premier marathon de Zagora l’année dernière au mois de février. Comme le disait Lahcen et Mohamed, c’est le bébé du Marathon des Sables, c’est donc la preuve qu’il y a toujours quelque chose qui se perpétue. L’aventure continue avec notamment des projets qu’ils ont envie de créer comme notamment une école de formation d’athlétisme à Zagora. On espère que tout va se conjuguer pour que les aides arrivent...

Il faut aussi parler du côté humanitaire et environnemental du Marathon des Sables. C’est un aspect de l’aventure que vous avez toujours voulu préserver...

Oui, de toute façon, chaque année c’est quelque chose qu’il faut répéter. Lorsque nous sommes 1200 personnes dans le désert, cela fait des montagnes de détritus, alors on renforce encore cette année cet aspect de protection de l’environnement en rajoutant deux quads supplémentaires pour aider l’équipe Environnement à ramasser tous les sacs poubelles et à les amener jusqu’au camion-incinérateur. C’est vrai que malheureusement nous devons être les seuls à avoir un camion-incinérateur pour brûler tous les détritus. C’est un four à auto-combustion qui a été construit spécialement et qui brûle absolument tout. Il n’y a maintenant absolument plus rien qui soit enterré dans les sables !

La protection de l’environnement est donc une priorité du Marathon des Sables comme le fait d’associer un projet à la course. L’an passé, nous avions un projet assez ambitieux qui a coûté près de 50000 €, mais dont la fondation Véolia Environnement a pris en charge la moitié ; il s’agissait de construire un bloc sanitaire avec des douches solaires dans l’école. La pièce est donc chauffée pour les enfants. Il y a aussi 1,7 kilomètre de tuyaux qui va jusqu’à la station de pompage photovoltaïque et on alimente en même temps, non seulement l’école, mais aussi les deux villages qui sont à proximité. C’est un projet que l’on va suivre également au niveau de l’entretien. Cela peut aussi donner envie à d’autres chefs d’entreprise d’accrocher les wagons...