Marathon de Normandie : Chemchir et Kozhevnikova vainqueurs
Publié le lundi 3 octobre 2005 à 15h05min
Depuis 1999, le Kénya courait après la succession d’Alex Kiplagat, solide recordman de l’épreuve (2h15’56"). Michael Chemchir a mis fin hier à cette vaine quête de succès.
Jamais l’impitoyable foulée de Michael Chemchir n’avait sévi sur le sol français. Avec l’allure qui caractérise les coureurs descendus des Hauts Plateaux et un regard qui ne trahit aucun signe de défaillance, le kényan a usé un à un ses compagnons de route. Débarqué à Honfleur avec une 4 ème place cette saison au marathon de Valence en Espagne (2h15’21"), il a quitté la Porte Océane 2h19’12" plus tard avec un premier succès de choix en France. « Je me sentais fort, alors j’ai attaqué après le Pont ». Une attaque quasi invisible à l’extérieur du peloton, et qui ne fit qu’une victime, le marocain Benredouane. « L’accélération de Chemchir, je ne l’ai pas sentie. Mais les crampes oui. Après le 20 ème kilomètre, j’ai compris qu’il fallait que je laisse filer pour m’accrocher à la 3 ème place ».
A 500 mètres près
Le 21 ème kilomètre marquera ainsi le début de l’acte II du marathon. En lice, Chemchir, l’un des inconnus de la légion étrangère sur ce marathon de Normandie, Sang, kényan venu pour jouer le lièvre personnel de son compatriote Lopuyet, rapidement décroché, et le russe Andrev Chernyschov, figure de l’épreuve. Troisième en 2001, lauréat deux ans plus tard, à nouveau 3 ème en 2004, Chernyschov grimpe cette fois sur la deuxième marche du podium. Non sans avoir longtemps cru qu’il pourrait être le premier à doubler la mise au palmarès. Un espoir resté scotché sur l’asphalte de l’avenue Foch à cinq cents mètres de la ligne. « J’ai essayé deux fois de surprendre le kényan, aux 38 ème et 39 ème kilomètres, mais il n’a pas lâché, explique le russe. J’y ai laissé des forces et je n’ai pas pu répondre à sa dernière accélération ». Ce coup de reins au finish, l’unique différence que le kényan fit en solo.
La sélection en tête de course, le renoncement de certaines têtes d’affiche, le découragement de quelques outsiders, Chemchir laissa le Pont de Normandie, balayé par un vent de face venu du nord, s’en charger. Un édifice dénué de clémence. Emmenées par le havrais Mohamed El Ghazouani, lièvre du premier semi, dix têtes se présentèrent au pied du Pont, côté Basse Normandie, quatre seulement restèrent tournées vers la victoire sur l’autre rive de la Seine.
Exit le kényan Lopuyet, le seul du plateau à afficher un chrono sous les 2h10’ (2h08’19"). Disparu le burundais Nyabenda, vainqueur cette saison à Lyon, et 2 ème ici même l’an dernier. Plus aucune trace en tête du Sud-Africain Molefe. Aucun signe non plus des marocains Maliki et Bougra, ni du seul français un temps présent aux avant-postes, Ali El Kharrat. Sang, lui, lâcha prise au kilomètre 31, s’effaçant devant le mano à mano annoncé entre Chemchir et Chernyschov. Pour un final qui restera comme l’un des grands moments de ce 9 ème marathon de Normandie.
Elena Kozhevnikova de bout en bout
La russe Elena Kozhevnikova a dominé cette édition 2005 jusqu’à s’imposer en toute logique devant ses concurrentes à qui elle n’aura pas laissé l’ombre d’une chance. Dès le 5 ème kilomètre, elle comptait déjà plus d’une minute d’avance sur celles qui allaient s’accrocher tant bien que mal : Tazetdincva, Chéral, Loguinova et Maggionili. L’écart allait ensuite croissant, Kozhevnikova imposant un train d’enfer à ce groupe de poursuivantes qui explosaient après le passage fatidique, et ô combien redouté, du Pont de Normandie.
Mais il y avait deux types de course comme dans chaque marathon, une pour celles qui visent le podium, l’autre pour celles qui souffrent et luttent en gardant leur volonté comme unique champ d’horizon. Car pour Schuster et son casque de baladeur fermement vissé sur les épaules, le Pont de Normandie annonçait le véritable début de l’enfer, lequel ne prendrait fin que vingt-sept kilomètres plus loin. Alors, on se raccrochait à ce qu’on pouvait, et on cherchait à prendre la roue d’un éventuel compagnon d’infortune.
Chéral a tout donné
Devant, au 23 ème kilomètre, tout semblait déjà joué pour Kozhevnikova, seule une défaillance physique paraissant en mesure de la priver de la médaille d’or. En revanche, derrière, cela s’annonçait plus serré pour les deux autres marches, Tazetdincva et Chéral étant encore au coude à coude. Mais finalement, à ce jeu-là, ce fut la russe qui eut raison de la rouennaise et permit à la Russie de réaliser un doublé. Chéral franchit la ligne finale peu de temps après, mais elle ne fut pas en mesure de franchement tenir tête à celle qui l’avait devancée d’une place au classement.
Mais en voyant ces trois championnes arriver et terminer leurs efforts, on ne pouvait s’empêcher de penser aux autres, qui sortaient à peine du Pont de Normandie, et qui, n’en pouvant plus de chercher leur souffle, voyaient l’ombre da la voiture-balai se rapprocher dangereusement de leurs foulées.
Kozhevnikova : « Le vent nous a gênées »
Elena Kozhevnikova (1ère, Russie)
« J’avais prévu de partir dès le début en tête et de creuser l’écart ensuite, et c’est ce que j’ai fait. En toute modestie, je savais que j’étais un cran au-dessus de mes concurrentes, donc j’ai joué ma carte à fond. Mais après 20 kilomètres, c’est vrai que j’ai commencé à avoir mal aux jambes, mais il fallait continuer. Le vent nous a gênées moi et ma camarade Tazetdincva, et il faut bien reconnaître que le parcours n’était pas facile du tout. Quant au Pont, c’est vrai que ce n’était pas évident non plus, mais j’ai réussi à rattraper un coureur, alors ça m’a donné du baume au cœur ».
Sophie Chéral (3 ème, ASPTT Rouen)
« J’ai été très bien dans ce marathon jusqu’au 30 ème kilomètre, et sur la fin j’ai perdu pas mal de temps notamment à cause d’une pointe de côté. C’est dommage car j’étais encore 2 ème après trente kilomètres, mais quand Tazetdincva m’a devancée, je n’ai pas pu la rattraper. C’est vrai que c’est un marathon difficile, mais j’avais de la fraîcheur. Le Pont ? Vous savez, il n’intervient que peu de temps après le début de la course, alors quand on est encore frais, ça va. Il n’y a en revanche que le vent qui m’ait gêné ».
– Résultats messieurs
- Chemchir Michael (ken) : 2h19’12"
- Chernyschov Andreev (rus) : 2h19’28"
- Benredouane Abderrahim (mar) : 2h23’06"
- Lopuyet Simon (ken) : 2h25’17"
- El Kharrat Ali : 2h25’29"
- Maliki Abderrahmane (mar) : 2h25’30"
- Bougra Aziz (mar) : 2h27’55"
- Gladichev Andrey (ukr) : 2h28’07"
- Legay Cyrille : 2h28’10"
- Aitel Hadj Malik : 2h29’01"
- Moumou El Hadi : 2h32’31"
- Nyabenda Pasteur (bur) : 2h35’12"
- Bidaux Pascal : 2h38’25"
- Fluet Andre : 2h45’35"
- Dugue Patrick : 2h45’55"
– Résultats dames
- Kozhevnikova Elena (rus) : 2h48’09"
- Tazetdinova Goulnara (rus) : 2h49’27"
- Cheral Sophie : 2h50’35"
- Loguinova Olga (rus) : 2h55’09"
- Maggiolini-Reymonencq Magalie : 2h58’33"
- Seckler Valérie : 3h09’04"
- Bruneau Corinne : 3h26’15"
- Huysentruyt Inge : 3h30’49"
- Kerthe Nicole : 3h44’52"
- Guenin Véronique : 3h50’06"
- Monnier Sylvie : 3h54’05"
- Vanhoolant Myriam : 3h54’48"
- Leleu Catherine : 3h58’53"
- Aline Marie-Ange : 4h03’01"
- Lorthios Catherine : 4h04’35"
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