Marathon de Lyon : Pasteur Nyabenda le revanchard

Pasteur Nyabenda avait beau être l’« invité » surprise du marathon de Lyon, sa victoire acquise hier ne peut susciter l’étonnement, si ce n’est par son effarante capacité à récupérer des efforts consentis ces dernières semaines. Pour le reste, l’athlète disposant des meilleures références sur la distance, s’est imposé au terme d’une course limpide, c’est le cas de le dire, puisqu’une pluie glaçante a accompagné les 3500 participants tout au long des 42,195 kilomètres. Il en fallait plus cette année pour arrêter le champion de l’AS Rispoli. Et ce n’est pas, non plus, l’opposition toute relative qui allait contrecarrer son désir de dominer une course à laquelle il avait
renoncé jusqu’à vendredi matin, dans une volonté de « bouder » les organisateurs, coupables selon lui de l’avoir évincé de la liste des invités.
« Je suis content d’avoir montré que j’évolue à un très haut niveau », savourait-il hier à l’arrivée. « Sans polémiquer, ajoutait son entraîneur Pierre Pompili, je crois que l’organisation aurait pu dialoguer un peu plus avec celui qui est tout de même le vainqueur sortant, même si je comprends cette politique de ne pas attribuer de prime à l’inscription. C’est une simple question de respect ».

A peine moins rapide que l’an dernier

Bref, Pasteur avait la rage, et il ne mit pas longtemps avant de faire mordre la poussière à ses adversaires. Pour tout dire, la bagarre ne dura pas plus d’une petite douzaine de bornes. Jusque-là, les « ténors » avaient opéré la purge : après cinq kilomètres, ne restaient en tête que cinq coureurs dans la grande foulée de Nyabenda : le
montpelliérain David Laget, le russe Aboubakirov et les kényans Kiprotich, Chepochok et Ndegwa, évidemment peu à leur aise sous une météo si extrême. Une seule accélération, au 12 ème kilomètre, du côté de Charlemagne, suffit au coureur de Jospeh Rispoli alors qu’il restait du chemin faire.
« J’ai été un peu surpris de me retrouver seul, racontait-il, parce que mon intention était simplement de tester les autres coureurs du groupe. C’est sûr, j’ai trouvé le temps long ensuite. J’ai souffert du froid, au niveau des genoux, des mains et même des yeux, mais je suis un athlète courageux ». A l’arrière, seul David Laget réussit à surnager, sans nourrir toutefois le moindre espoir de retour, tandis que Kiprotich sauvait les meubles kényans en s’accrochant à la dernière place du podium.

Net et sans bavure

Nyabenda pouvait même s’autoriser une légère baisse de régime à l’approche du Palais des sports de Gerland avant de couper la ligne en vainqueur pour la deuxième fois en deux éditions, dans un temps (2h18’55’’) à peine moins bon que l’an dernier (2h18’31’’), dans des conditions complètement différentes.
Il l’emporte cette fois sans préparation spécifique, un mois et demi seulement après une 12 ème place au marathon de Rome sans oublier que le burundais, réfugié politique, a passé la semaine sur une tondeuse à gazon dans le cadre de son emploi de paysagiste.
« Ici, on ne cherchait pas le chrono mais la gagne, relativise son entraîneur. C’est bête à dire, mais Pasteur aime la course à pied, il a besoin de courir. Il est fort psychologiquement pour enchaîner les courses ». Aujourd’hui, il atteint malgré tout les limites du raisonnable et devrait observer quelques semaines de repos avant de se concentrer sur un marathon à l’automne. « J’ai commencé à l’évoquer avec lui, c’est possible qu’on aille à Berlin qui est réputé rapide, poursuit Pierre Pompili. S’il se prépare bien, il peut tourner autour des 2h10 ».
S’il y parvient, voilà qui donnerait une pointure de niveau international au marathon de Lyon 2006.

Hommes

1. Nyabenda Pasteur (bur) : 2h18’55"
2. Laget David (fra) : 2h19’30"
3. Kiprotich Micah (ken) : 2h23’42"

Femmes

1. Khouaja Laila (fra) : 2h56’33"
2. Marechet Patricia (fra) : 2h58’51"
3. Marin Nathalie (fra) : 2h59’26"