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Marathon et asphalte : la route vers la performance

Publié le jeudi 3 juillet 2025 à 14h17min

Invisible pour le public, insaisissable à l’œil nu, mais omniprésent sous chaque foulée : le revêtement sur lequel se court un marathon est une variable souvent oubliée mais décisive dans la quête de la performance. Si les athlètes et les entraîneurs scrutent le profil d’altitude, la température ou le vent, ils négligent parfois ce qui lie leur effort au sol. Pourtant, entre bitume lisse, béton brutal, pavés rugueux ou surfaces composites récentes, le contact entre la chaussure et la route conditionne directement le chrono. Alors, et si la route elle-même faisait, ou défaisait, les records ?

Le marathon et la performance selon la route
Le marathon est un théâtre de détails. Une discipline où la victoire peut se jouer sur un virage mal négocié, un ravitaillement raté ou un rythme mal géré sur trois kilomètres. Mais un paramètre persistant, discret, et largement sous-estimé influence silencieusement chaque coureur foulée après foulée : la nature même du sol. D’apparence anodine, le revêtement du parcours agit comme une variable physique pure, traduisant les lois de l’adhérence, de la friction, de la restitution d’énergie ou encore de la stabilité biomécanique en secondes gagnées, ou perdues. Les grandes courses urbaines modernes sont toutes asphaltées, mais ce mot cache des réalités très différentes. Certains parcours ressemblent à des tapis roulants, d’autres à des champs de bataille. Derrière le mythe du marathon plat et rapide se cache une question encore peu explorée dans la littérature sportive : la qualité du sol est-elle l’ultime facteur de performance que le coureur ne peut pas contrôler ?

Les revêtements validés par World Athletics : ce qu’on foule sans le savoir
Le label d’une course ne se limite pas à son organisation ou sa dotation : pour être homologué par World Athletics, un marathon doit répondre à un certain nombre de critères, y compris ceux liés à la structure et la régularité du parcours. Le revêtement fait partie de ces exigences. En théorie, il doit être « dur, stable, non glissant et adapté à la course à pied », selon les règlements internationaux. En pratique, cela ouvre la porte à plusieurs matériaux, tant qu’ils assurent la continuité du parcours.

L’asphalte (ou bitume), sous ses nombreuses variantes, est le roi incontesté du marathon mondial. Sa version la plus performante est un asphalte dense, très finement granuleux, coulé récemment, offrant une surface lisse, régulière et sèche. Cette surface domine les parcours de Berlin, Valence ou Séville. D’autres courses, notamment dans des centres-villes historiques ou plus anciens, incluent des segments en béton, parfois des portions en pavés (Paris, Rome, Prague), ou même des routes composites faites de mélanges de matériaux recyclés. Le béton, plus dur et moins tolérant, accroît la fatigue musculaire. Les pavés, eux, freinent le rythme par leur instabilité.

Et pourtant, toutes ces surfaces sont considérées comme « légales ». Mais la performance n’est pas également distribuée.

Les écarts de temps induits par le revêtement : science et terrain
Il n’existe pas (encore) d’étude officielle à grande échelle sur le delta de performance entre deux surfaces précises à rythme égal. Mais les mesures par accéléromètres embarqués, couplées aux observations de terrain et aux chronos « stravaisés » des coureurs amateurs et élites, montrent des différences constantes. Sur 42,195 kilomètres, le sol devient un complice ou un adversaire. Il influe sur l’économie de course : un bon sol restitue plus d’énergie lors de la poussée et absorbe moins lors de l’impact.

Un asphalte neuf, dense, peut offrir une restitution mécanique presque parfaite, ce qui permet une course plus économe musculairement. À l’inverse, un revêtement granuleux, fissuré ou irrégulier disperse l’énergie cinétique. La perte de rendement se mesure en fractions de pourcentages, mais s’accumule kilomètre après kilomètre. Sur une base de 3’00/km (allure élite), une perte de 1,5 % d’efficacité équivaut à environ 3 secondes/km, soit plus de 2 minutes sur marathon. Le même coureur, dans les mêmes conditions météo, pourrait donc courir Valence en 2h04 et Boston en 2h06 sans changer son niveau de forme.

Plus frappant encore : les marathons qui comportent de longs segments en pavés, comme Paris ou Rome, enregistrent systématiquement des chronos plus lents chez les mêmes coureurs qui performent ailleurs. Et ce, malgré des parcours relativement plats. Le sol devient ici un facteur limitant autant que l’altimétrie ou la température.

Tableau comparatif : des routes, des marathons, des secondes
Prenons comme base un marathon de référence aux performances homogènes : Berlin, souvent cité comme le parcours le plus rapide du monde. Sur cette base, on peut estimer les gains ou pertes de performance moyenne par kilomètre, puis les extrapoler sur un marathon complet. Voici un aperçu estimé, dans une logique croissante de gain/perte de temps, sur la base d’un coureur élite visant 2h04.

Marathon Type de revêtement dominant Temps estimé vs Berlin (2h04) Delta total estimé
Berlin Asphalte ultra-lisse 2h04:00 0 sec
Valence Asphalte lisse récent 2h04:30 +30 sec
Séville Asphalte lisse mais urbain 2h05:00 +60 sec
Londres Mix bitume / béton 2h05:30 +90 sec
Chicago Béton + asphalte 2h06:00 +2 min
Boston Béton, route ancienne, vallonnée 2h06:30 +2 min 30 sec
Paris Asphalte + pavés + tunnels 2h08:00 +4 min
Rome Pavés historiques sur longue durée 2h09:00 +5 min

Le sol, ce facteur ignoré (mais décisif)
La quête de la performance marathonienne ne se résume pas à l’entraînement, au matériel ou à la météo. Elle commence littéralement sous les pieds. Si l’athlète ne choisit pas son sol, il peut en revanche choisir son parcours, son timing, et adapter ses attentes. Ce que l’on nomme souvent la « route rapide » n’est pas une légende : c’est une réalité physique, mesurable, prévisible. Le bitume n’est pas égalitaire. Il a ses champions et ses traîtres. Dans le monde de l’endurance moderne, où chaque seconde compte, le sol peut être l’ultime allié silencieux.

Alors non, le delta de performance entre un pavé parisien et un bitume berlinois n’est pas négligeable. Il est mesurable, significatif, et parfois décisif. Entre 2h04 et 2h08, ce ne sont pas que les jambes qui parlent : c’est aussi la route.

En savoir plus :
Surface effects on ground reaction forces and lower extremity kinematics in running
Étude biomécanique comparant la course sur différentes surfaces (tapis, bitume, béton). Montre que les surfaces plus dures et planes réduisent la déformation articulaire et améliorent le rendement énergétique à vitesse constante.


Voir en ligne : Marathons

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