Marvejols-Mende : Kiprono, un sacré numéro
Publié le lundi 21 juillet 2008 à 10h17min
Sous ses traits de gamin, Nicholas Kiprono cache un appétit féroce. Un potentiel hors-norme. De sa foulée déconcertante de facilité, et à seulement 21 ans, l’Ougandais a éclaboussé de toute sa classe la 36 ème édition du Marvejols-Mende, hier.
Faisant passer les deux monstres lozériens (le col du Goudard et de Chabrits) pour de vulgaires monticules. « Ici commence l’enfer », dit la pancarte fièrement dressée au pied de la pente verticale de Goudard. Un air provocateur. S’il maîtrisait la langue de Molière, l’Ougandais aurait esquissé un petit sourire tant le calvaire promis a pris au fil des hectomètres des allures de voie royale vers le paradis mendois. Ce même sourire vient éclairer son visage juvénile quand il évoque son palmarès. Long. Comme ses jambes façonnées par le dur labeur qu’il s’inflige sur les chemins jouxtant les rives du lac Victoria. Son fief.
« Quand j’étais junior, j’avais terminé troisième du championnats du monde. L’an dernier en Italie, à Udine, j’ai terminé 17 ème des Mondiaux séniors sur le 20 km route. Cette année, j’ai fait quelques résultats. Une deuxième place à l’Humarathon à Paris... Mais je ne me souviens pas de tout. Désolé monsieur », ricane-t-il. Avec une meilleure performance sur semi flirtant avec l’heure de course, Kiprono faisait légitimement parti des favoris de l’épreuve. Au même titre que son ami ougandais Martin Toroitich, montant sur la troisième marche du podium. « Je le remercie beaucoup pour son travail dans la première partie de course. C’est un vrai ami, qui a su travailler pour moi. Je remercie aussi Tulu. Sans lui, la victoire n’aurait pas été aussi belle ». Tout Kiprono. Une approche différente de la course à pied. Une vision dépourvue de tout individualisme et de pression. Un vent de fraîcheur appréciable. « J’ai toujours couru pour le plaisir. Le sport, ça reste du sport. Je ne me demande pas ce que les gens vont penser de moi si je me rate ». Il est vrai que le public mendois n’avait jamais entendu parler du phénomène Kiprono. Cet inconnu venu du fin fond de l’Afrique des grands lacs, que d’aucuns, aux abords de la ligne d’arrivée, s’amusent déjà à appeler « Air Ouganda ».
Et qu’importe s’il a échoué à treize pauvres secondes du record établi l’année dernière par le Marocain Marda Musasabeker. Kiprono et sa vitesse de croisière ont bel et bien marqué une trace indélébile. Dommage qu’il ait décidé de tirer un trait, semble-t-il définitif, sur les paysages lozériens qu’il a survolés. Car son avenir ne devrait plus s’écrire sur semi-marathon. « Marvejols-Mende, c’était peut-être ma première et ma dernière. Jusqu’à présent, j’étais trop jeune pour passer sur le marathon. Mais je pense que vais m’y mettre assez rapidement. Mon gros objectif, c’est les Jeux Olympiques 2012. Pour Pékin, j’étais trop jeune et surtout je ne m’étais pas préparé ». C’est donc devant son poste de télévision, dans son village natal de Bukua, qu’il rongera son frein devant les exploits pékinois de ses aînés. En rêvant déjà au futur stade olympique de Londres.
Voir en ligne : Midi Libre
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